Prenez une hôtesse de l’air (ou agent de bord, si vous préférez), un trafiquant d’armes, un prêteur de cautions, un ancien prisonnier qui ne se mêle pas de ce qui le regarde, une jeune droguée insouciante et arrogante. Rajoutez-y un demi-million de dollars, et saupoudrez le tout du crémage à la Tarantino. Le résultat donnera Jackie Brown, une recette plus complexe qu’elle n’y parait, et dont le gout est aussi savoureux que ce que l’on pourrait croire.
Environ cinq ans après le grand succès que fut Pulp Fiction, et après avoir réalisé quelques épisodes de téléséries américaines, Quentin Tarantino, que l’on connait plus récemment pour Django Déchaîné, se sentait d’attaque pour un nouveau long métrage. C’est donc en 1997, trois longues années après avoir réalisé Pulp Fiction, que Tarantino se lance dans le projet Jackie Brown.
Et ce fut un projet ambitieux. Jackie Brown raconte donc l’histoire de plusieurs individus issus de milieux différents qui, après être entrés en contact grâce à plusieurs circonstances, apprend l’existence d’un colis contenant un demi-million de dollars. C’est Jackie Brown (Pam Grier), une hôtesse de l’air, qui est chargée de procéder à l’échange entre l’argent et quelques armes à feu appartenant à Ordell Robbie (Samuel L. Jackson). Ce dernier, afin de récupérer la totalité de son argent, engage un ex-détenu, Louis Gara (Robert De Niro), mais l’ancien prisonnier décide que le demi-million lui revient. C’est sans compter l’arrivée de Max Cherry (Robert Forster), un prêteur de cautions qui, par amour pour Jackie Brown, tentera de récupérer l’argent.
C’est donc à une multitude de personnages que nous avons ici affaire. Pourtant, ils ont essentiellement le même but : se faire un peu de fric. Mais quand cet échange qui tombe entre les mains du FBI, l’escroquerie se révèle être très difficile. Le spectateur sera donc invité à suivre tous les personnages qui, chacun à leur manière, tenteront de récupérer l’argent durant l’échange.
En bref, nous avons ici affaire à un suspense bien classique. Une importante somme d’argent, bien des gens qui désirent celle-ci, et le gouvernement qui s’en mêle. Pourtant, ce film est tout sauf ennuyant. Malgré ses quelque 2 heures 30 (qui s’étirent un peu à la toute fin), le spectateur ne s’ennuie pas. Le nombre de trahisons et de manipulations est effarant, et notre attention sera constamment attirée par la mort d’un des personnages. L’intrigue, assez complexe, est très bien écrite. Il faut dire qu’il s’agit d’une adaptation d’un roman écrit par Elmore Leonard. Et bien sur, les dialogues, assurés par Tarantino, sont de vrais bonbons. Écouter Samuel L. Jackson parler de ses connaissances en terme d’armes à feu est tout simplement magique.
Jackson, que l’on avait adoré dans Pulp Fiction, revient dans Jackie Brown avec un personnage tout aussi excentrique et déjanté que précédemment. On pourrait craindre un sentiment de déjà-vu et de recyclage tant les personnages sont semblables, mais l’acteur s’en tire à merveille. Il va sans dire que la distribution complète de Jackie Brown est excellente. Pam Grier, qui joue Jackie elle-même, est tout juste assez sexy et femme fatale. Comme Tarantino les aime.
Jackie Brown, autant dans sa musique que dans son scénario et son intrigue, est une autre très belle preuve du talent de Tarantino. Pourtant, bien des critiques considèrent ce film comme le pire du réalisateur. Ce n’est pas tout à fait faux. Après le grand succès qu’est Pulp Fiction, Jackie Brown ne semble pas représenter l’entièreté de la folie de Tarantino. Certes, les dialogues sont très bons, mais on n’y retrouve pas l’excentricité et la recherche que l’on peut voir dans ses réalisations plus récentes (Le commando des bâtards, par exemple).
Cependant, malgré ses quelques faiblesses et son côté plus linéaire et conventionnel, Jackie Brown reste un excellent film qui sait nous faire sourire. Si ce n’est pas le meilleur des films de Tarantino, c’en est tout de même un, et le réalisateur ne vous décevra pas.
http://www.youtube.com/watch?v=KbjvVN30P4I
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