Je dois avouer quelque chose d’important d’entrée de jeu : Hot-Dog n’est pas la comédie de l’été 2013. Loin de là. La promotion entourant cette comédie québécoise est mensongère et risquera fort de nuire à la survie du film en salles. Le nouveau film de Marc-André Lavoie (Y’en aura pas de facile, la coréalisation de Bluff) est une comédie noire qui ne trouvera pas écho auprès d’un large public. Si on met de côté la publicité tape-à-l’œil, Hot Dog n’est pas un mauvais film en soi. Cependant, il est erroné de le considérer commercial et dans la trempe de Tel père, tel flic ou encore Bon cop, bad cop.
Si vous aimez et êtes familiers avec le style de Marc-André Lavoie, vous serez aisément en terrain connu avec Hot-Dog, notamment au niveau des dialogues, de la direction artistique et de la lente progression du récit. Le film suit les quatre propriétaires de l’usine québécoise Saucibec, soit Gilles (Daniel Lemire), Philipe (Paul Doucet), Conrad (Rémy Girard) et Richard (Éric Salvail). Après un désastreux séjour d’affaire à Toronto, Philipe croit à tort qu’il s’est fait virer de la compagnie. Pour se venger, il insère une de ses dents dans un mélange à saucisse. Évidemment, la presse s’empare vite de l’affaire. Fortement encouragé par sa femme Sonia (Edith Cochrane), François (Pierre-François Legendre), l’homme qui a croqué dans la croustillante saucisse, tente de tirer profit de la situation. L’intrigue devient alors un enchainement de quiproquos et de malentendus plus ou moins intéressants. Un de ces malentendus implique même l’infatigable cliché du mafioso italien (Dino Tavaronne) voulant récompenser généreusement, mais anonymement, François pour lui avoir involontairement sauvé la vie.
Le manque d’originalité du scénario aurait pu être facilement pardonné si les répliques s’étaient avérées savoureuses et soutenues par un rythme effréné. Or, c’est exactement là que le bât blesse. Même si certaines répliques sont effectivement savoureuses, elles ne sont pas assez nombreuses pour compenser les temps morts et les blagues tournant à plat. L’auditoire dans lequel je faisais partie est demeuré relativement silencieux jusqu’aux quinze dernières minutes franchement hilarantes.
La distribution toute étoile méritait définitivement plus de chair autour de l’os. Les talents d’Edith Cochrane, Pierre-François Legendre et surtout Rémy Girard sont complètement gaspillés. Ils n’ont que des partitions fades, clichés et insipides à se mettre sous la dent. Le personnage le plus intéressant est celui de Philippe. Le toujours formidable Paul Doucet tire admirablement bien son épingle du jeu. Il en est de même pour Daniel Lemire. On s’entend, Daniel Lemire joue Daniel Lemire. Gilles n’a aucune couleur distincte mais Lemire est capable de bien délivrer les gags. D’ailleurs, son personnage hérite des meilleurs. Dans le rôle du chef de la mafia, Dino Tavaronne, bien qu’habituellement doué, ne peut parvenir à rendre son personnage attachant tellement la composition de celui-ci est exagérée. Mes craintes concernant le potentiel comique d’Éric Salvail ont malheureusement été fondées. Ce n’est pas parce qu’il a réussi à me décrocher quelques sourires en jurant qu’Éric Salvail est un acteur. Il ne semble pas à l’aise, spécialement aux côtés de Rémy Girard. Son manque d’expérience transperse dans chacune de ses scènes et entrave la crédibilité des liens soi-disant forts unissant les propriétaires de Saucibec.
Sur toutes les différentes versions des affiches du film, il est difficile de passer à côté de la commandite de la chaîne de restauration rapide Valentine. Or, dans cette ère de (sur)placement de produits, il faut mentionner le louable choix de ne pas inclure aucune publicité pour le restaurant dans le long-métrage.
En conclusion, Hot-Dog n’est pas la comédie délirante escomptée. Oui, le film est quelque peu divertissant mais sans plus. Il y a trop de longueurs, de clichés et de personnages stéréotypés pour apprécier pleinement. Il n’est donc pas primordial de visionner le film dans une salle obscure. Si vous vous sentez aventureux, une location en DVD lors d’une journée maussade suffit amplement.
Crédit Photo : Les Films Seville
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