Il est certaines oeuvres dont la découverte se fait à un moment opportun, presque parfait. Laissez-moi vous présenter le contexte dans lequel j’ai découvert le long-métrage dont je vous offre aujourd’hui la critique: dimanche soir, 20h, dans un autobus un peu trop normal et pour simple divertissement les quelques films que j’ai en ma possession. Il fait froid, les gens sont bruyants et mon banc n’est pas des plus confortable. Je plonge la main dans mon sac, et voilà que je tombe sur Du soleil plein la tête.
Tous et chacun ont leur manière bien particulière de gérer une peine d’amour: certains se pencheront sur la crème glacée, d’autres trouveront réconfort auprès d’une oreille attentive et certains opteront pour l’adoption d’un jeune chaton. Pour Clémentine et Joel, par contre, ce n’est pas tout à fait ça. À vrai dire, c’est loin d’à peu près tout ce qu’on connait. Comment réagiriez-vous si vous appreniez que l’être que vous aimez a décidé d’effacer de sa mémoire tous les moments que vous avez partagé et qu’il vous est possible de réaliser exactement le même procédé? C’est ce voyage qui vous est offert dans ce film, et c’est bien vite que cette nouvelle et très louche idée aura des répercussions des plus grandes chez plusieurs…
Au début, je vous l’avoue, j’ai trouvé le rythme un peu dérangeant: les personnages me semblaient imposés et présentés en surface. Tout de suite, on remarque des protagonistes intenses,sans gêne et dont les habitudes semblent des plus originales. Pour mon plus grand plaisir, cet élément s’est vite fusionné au récit et s’est imposé de manière à offrir une ambiance troublante et enivrante, dont il est impossible de s’éloigner, tant son emprise est grande sur nous.
Sur le plan du montage, Du soleil plein la tête se veut un véritable chef-d’oeuvre. Les éléments visuels et sonores sont manipulés de sorte à faire voyager, à créer la panique, à surprendre et, parfois et pour peu de temps, à soulager. Sur le bout de votre siège, les yeux grands ouverts, vous réaliserez bien vite que tout vous file entre les doigts et l’impression que votre esprit vous joue de mauvais tours s’imposera. Soyez attentif, laissez-vous entrainer dans cette histoire où même les cachettes les plus efficaces ne sont à l’abri de personne.
Toujours tangible, comme incertain, ce film ose et joue avec les différentes notions qui le composent: les personnages secondaires deviennent des personnages principaux, l’action se déroule parfois dans la réalité, parfois dans les souvenirs du héros, et aucun élément ne permet au spectateur de s’accrocher à un point de repère quelconque, jusqu’à ce que le tout se calme un peu et que les choses se mettent en place entre vos deux oreilles. Une danse tourmentée qui donne des frissons, comme la plus belle des histoires d’amour: voilà ce à quoi vous avez affaire.
Ça donne le goût de sortir et de jouer dans la neige, de profiter de la pluie et d’être amoureux. Ça donne le goût de réaliser toutes les choses qu’on met de côté, et de le faire avant qu’on oublie toute l’importance qu’elles ont.
C’est déconstruit, loin d’être chronologique mais c’est fort: tout fini par se mettre en place et c’est à ce moment précis que toute la magie s’opère, parce que ça devient soudainement vrai.
Aucun commentaire