Russie impériale, 1874.
Basé sur le roman de Léon Tolstoï, paru en 1877, ce film évoque l’histoire d’Anna Karénine, la femme d’u haut fonctionnaire du gouvernement dans les bras de qui la vie se fait bonne et rassurante, mais dénudée de passion. Un jour, lors d’un voyage en train et alors qu’elle ne s’y attend point, son regard croise celui d’Alexis Vronski, un officier fort charmant de la cavalerie. Lui résistant en premier lieu, elle décide enfin de lui céder son coeur: se tisse alors entre les deux amants une histoire d’amour unique à sa manière et durement vécue en raison de l’époque et de ses moeurs. Les lois de l’homme empêchant celles du coeur, voilà les deux amoureux devant un faussé qui semble très profond.
Ce long métrage, signé par Joe Wright qui nous a notamment offert Orgueil et Préjugés ainsi qu’Hanna, plus récemment, est d’une beauté féroce et d’une sensibilité troublante. Le réalisateur joue avec les rythmes et les sonorités, offrant une ambiance digne d’un esprit bourdonnant d’idées à son plus récent projet.
Un aspect est fort et soudé dans Anna Karénine: la technique. L’image est en mouvement, sublime, délicate. Des ellipses magistrales la composent et la font valser. C’est d’ailleurs ce qu’est ce film: une magnifique valse.
Les décors et les costumes, pour lesquels le film s’est fait remettre un Oscar, quant à eux, sont d’une élégance foudroyante. Leur beauté habite les plans de cet univers cinématographique et se fondent au sensible talent de Keira Knightley, Jude Law et d’Aaron Taylor-Johnson. Les acteurs et les artifices ne deviennent bien vite qu’un seul élément: une très belle création.
Parfois, le temps se fige ou s’accélère. Et alors, le cinéma intervient. Anna Karénine présente des scènes d’une splendeur frissonnante. Des scènes qui entrent dans la peau pour y déposer une réelle et très sentie chair de poule.
Comme si on avait voulu évoquer la forme originelle de cette oeuvre, qui relève du roman, toutes les actions, même celles se déroulant à l’extérieur prennent place dans le coeur d’un théâtre. Un seul endroit regroupe l’histoire et la tient entre ses murs, ce qui apporte au film un charme indéniable. Les décors défilent devant nos yeux au même rythme où se tournent les nombreuses pages de ce récit tragique.
Choix artistique oblige, le jeu se fait dès lors très théâtral. Et c’est particulièrement intéressant d’ainsi découvrir parmi ces très articulées chorégraphies un nombre impressionnant de personnages qui ne demandent qu’à être étudiés.
Par ailleurs, le scénario, quoique fort captivant et très bien construit, présente malgré lui quelques longueurs qui auraient pu être évitées, raccourcissant ainsi les deux heures et dix minutes ici proposées. Par contre, on en fait fort vite abstraction en étant constamment plongé dans ce film duquel nous sommes, et c’est le cas le dire, un spectateur assidu.
Anna Karénine est une oeuvre solide, touchante, sincère et passionnée. Elle a été construite, et ça se sent tout au long de son existence, par l’outil le plus important qu’un réalisateur ne puisse posséder: le coeur.
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