On connait aujourd’hui l’acteur Christian Bale pour son rôle de Batman dans la populaire trilogie de Christopher Nolan. Cependant, bien avant son rôle de super-héros, l’acteur a interprété avec brio l’un des plus beaux rôles de sa carrière, voire même du cinéma. Un personnage éclaté, délirant et presque incompréhensible. Ce personnage, c’est Patrick Bateman, protagoniste d’American Psycho.
American Psycho, réalisé par Mary Harron (peu connue pour ses autres œuvres beaucoup moins exceptionnelles), est en fait l’adaptation cinématographique d’un livre de Bret Easton Ellis. Si la transcription entre les langages littéraires et cinématographiques se font plutôt difficilement à l’habitude, la transition entre les deux versions d’American Psycho, elle, se fait d’habile manière. Au menu : narration omniprésente, personnage des plus attachants malgré ses actes horribles, complexité scénaristique plutôt inattendue. Attachez-vous, voici la fable d’un homme pour qui le rêve américain et la société cruelle ne font pas bon ménage.
Christian Bale incarne donc le personnage de Patrick Bateman, un investisseur New-Yorkais pour qui les apparences sont plus qu’importantes. Routine d’entrainement matinale, heures de contemplation devant le miroir, rien n’est de trop pour conserver une apparence parfaite. L’entourage de Bateman ne répond qu’à lui, et il déteste avoir à suivre des ordres. Lorsqu’il est contraint de le faire, il se sent obliger d’insulter son interlocuteur, allant même jusqu’à le menacer de mort lorsque celui-ci a le dos tourné. Bref, «un esprit sain dans un corps sain» ne s’applique pas à son cas.
Pourtant, ce personnage fort bien caractérisé dans Americain Psycho, malgré son côté tout à fait antipathique, est des plus attachants. Le spectateur sera même contraint d’aimer la rare touche d’humanité qui habite Bateman lorsqu’il commencera à perpétrer une série de meurtres horribles sous prétexte que ses collègues de travail sont supérieurs à lui. En réalité, c’est la pression d’une société étouffante qui dicte à Bateman ses gestes horribles. On s’y attache, peu importe ce qu’il fait.
Certains verront la ressemblance entre le film et le fameuse série Dexter. En réalité, cette dernière s’est largement inspirée d’American Psycho afin de construire le personnage interprété par Michael C. Hall. Il n’est donc pas insolite que certaines ressemblances, voire quelques hommages, soient présentes entre les deux œuvres.
Lors du visionnement d’American Psycho, il est donc nécessaire de s’attendre à une intrigue typique à la série américaine : l’homme aux deux visages qui tente de s’échapper de son sort de tueur en série sans ne rien révéler à son entourage. Fort heureusement, American Psycho échappe de peu à ce cliché à l’aide d’une réalisation très marquée et presque aliénante, un montage très rapide, une ambiance oppressante, et, par-dessus tout, un scénario complexe qu’il n’y paraît.
Il est ici très complexe de continuer dans le sujet sans trop en révéler. Toujours est-il que le scénario d’American Psycho apporte quelques chutes plutôt inattendues qui, de concert avec une réalisation encore plus psychotique et délirante, laisseront les spectateurs avec certains questionnements. Eh, oui, American Psycho est l’un de ces merveilleux films qu’il est bon de revoir plusieurs fois afin d’en comprendre le sens. Certains reprocheront d’ailleurs au film son caractère trop complexe. Il est vrai que la soudaine rupture du scénario, vers la fin du film, surprendra la foule, mais d’un autre côté, il est bien de se laisser emporter dans les méandres d’un aussi bon scénario.
Bien sur, quelques imperfections font grincer des dents. Le film, réalisé en 2000, prend plus d’âge qu’il ne devrait, et le doublage se fait sentir. Écouter le film en français enlève donc la moitié du plaisir de l’écouter en langue originale. C’est bien souvent le cas, mais ici, on dirait bien que le doubleur de Christian Bale n’a pas su démontrer toute la folie du personnage autant que l’interprète originale. On passe donc le DVD en mode anglophone et on oublie. La fin du film, malgré son originalité, arrive aussi un peu trop rapidement, si bien qu’on sera submergés par une foule d’informations sans avoir réellement le temps de bien les comprendre. Mais mis à part ces quelques bémols, American Psycho est bien compréhensible et très bien exécuté.
Car malgré son personnage horrible, les meurtres commis par Bateman sont tout sauf gratuits, et la réalité est plus cruelle encore que ce que vous pouvez vous imaginer.
Prenez donc place, et admirez l’un des rôles les plus marquants de Christian Bale, mais aussi du cinéma américain (contrairement à la suite du film qui, elle, prouve une fois de plus qu’une formule n’est pas toujours gagnante).
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