Les années 60, colorées et extravagantes, furent choyées par un monde artistique grandissant et expérimental, où les noms de plusieurs grands artistes servirent de tête d’affiche pour bon nombre de spectacles que nous envions aujourd’hui avec une jolie touche de jalousie. Vous auriez, vous aussi, cette envie de vous retrouver devant les plus grands du monde de la musique, le temps d’une soirée folle comme celles que vécurent vos parents et grands-parents à l’âme habitée par la magie du rock and roll? Vous êtes chanceux, puisque c’est un peu ce que nous offre Julie Taymor dans son désormais très connu Across the Universe.C’est à la fois l’histoire d’une génération, l’histoire d’un couple, celle d’un groupe d’amis mais aussi celle, sous-entendue, sentie et pensée d’un groupe de musique. Mais pas n’importe lequel: c’est aussi l’histoire des Beatles.
Voilà, en gros, on pourrait penser que c’est l’histoire de Jude et Lucy, un jeune britannique et une jeune américaine, qui tombent amoureux et mènent leur vie sous l’emblème de la passion et de la musique. Ils sont menés, et c’est là toute la magie de la chose, par ce que les Fab Four ont écrit. Mais c’est beaucoup plus que ça, en réalité. Les personnages entreprennent et interprètent ces classiques fondamentaux de l’histoire du rock et se les approprient de manière à ce que ces derniers deviennent les idéologies qu’ils prônent. Peu à peu, leur histoire deviendra aussi celle de Lennon et McCartney, passant de l’amour pour l’Amérique aux spectacles sur des toits.
En ce qui a trait à l’univers visuel, c’est un hommage aux idées colorées et excentriques des Beatles qui est ici créé. Tout l’espace est constamment occupé, tout est travaillé avec minutie, et les personnages sont ainsi plongés dans un monde à la fois merveilleux et dur, où la rumeur de la guerre frappe tout aussi bien les plus démunis que les plus aisés.
La trame sonore, de son côté, est un véritable délice. Revisitées avec beaucoup d’originalité, les pièces musicales les plus connues de nos quatre mignonnes têtes nous sont ici présentées d’une toute nouvelle manière, quoiqu’assez nostalgique de ce que nous connaissons. C’est un mélange très juste entre classique et nouveauté. C’est rafraichissant en nous étant à la fois tout à fait familier.
Par ailleurs, les performances des différents et nombreux acteurs d’Across the Universe sauront vous charmer et faire sourire. À l’exception d’Evan Rachel Wood qui, une fois de plus, ne semble pas trop à l’aise sur ses deux pieds (et ce n’est pas nouveau), c’est une magnifique brochette qui nous est ici offerte, savoureuse, bien maniée et très bien pensée. De plus, et c’est là ce petit moment bonbon que je préfère de ce long métrage, une apparition spéciale de la part de Bono saura vous rendre absolument hystérique de bonheur. Rien n’est trop beau quand un chanteur rock se transforme en cowboy du Texas, ou du moins, ce qui s’en rapproche le plus, et vous emmène avec lui à bord d’un autobus néon, électrifiant et probablement créateur d’effets secondaires. Allez, c’est les sixties!
Complexe, détaillé et révélateur quant au portrait qu’il faut se faire face aux années 60 et les figures mythiques qui les composent, Across the Universe se fait un hommage sensible aux éléments qui marquèrent ainsi plusieurs sphères de la société moderne. Que ce soit la musique, la mode ou la politique, chaque chose sait y prendre sa place et se faire marquante pour le récit proposé. C’est, enfin, un film qui risque de marquer bien des gens et s’inscrire dans les bijoux de ce cinéma que nous proposerons un jour aux gens qui prendront la relève de la cinéphilie.
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