Quatre grandes amies d’âge mûr redécouvrent leur sexualité et goût à l’amour après avoir lu le premier tome de 50 nuances de Grey dans le cadre de leur club de lecture mensuel. Les jugements hâtifs sur le placement de produit opportuniste et les blagues de ma tante désolantes se font entendre jusqu’ici, mais détrompez-vous : Club de lecture, malgré quelques écueils, divertit et fait réfléchir sans prétention.
Fidèles et heureuses en amitié depuis plus de 40 ans, Diane (Diane Keaton), Vivian (Jane Fonda), Sharon (Candice Bergen) et Carol (Mary Steenburgen) mènent une existence banale dont elles discutent sans tabou lors de soirées arrosées. Désireuse d’ajouter un peu de piquant et ne pas laisser le spectre de la vieillesse les morfondre dans l’ennui, Vivian, dans toute son extravagance de propriétaire d’un hôtel de luxe, leur propose de lire 50 nuances de Grey. Cette lecture, qui parait d’abord inappropriée et futile, agit comme un coup de poing libérateur chez ces femmes ayant toujours mis leur carrière professionnelle à l’avant-plan. Veuve et surprotégée par ces deux filles adultes, Diane apprend à se redonner le droit à l’amour dans les bras de Mitchell (Andy Garcia), un sympathique pilote d’avion. De son côté, Sharon, maintenant officiellement inscrite dans une agence de rencontres en ligne, troque sa robe de magistrat contre des tenues scintillantes pour oublier l’amertume de son divorce. Chef cuisinière renommée, Carol tente par tous les moyens de mettre un terme à sa léthargie sexuelle avec son mari retraité (Craig T. Nelson), qui est davantage concentré sur les courbes de sa motocyclette que sur celles de sa femme. Finalement, Vivian, habituée de collectionner les hommes sans la moindre once d’attachement, renoue avec une ancienne flamme (Don Johnson) avec qui le chapitre est loin d’être terminé…
L’utilisation de l’oeuvre érotique de E.L. James ne dépasse pas vraiment le stade du prétexte pour illustrer la quête sensuelle et amoureuse du quatuor. Bien sûr, l’idée s’avère nullement originale, mais force est admettre que les quelques références et clins d’œil à des passages connus de la série n’irritent pas et ne constituent pas une triste publicité comme The Internship (Le stage) l’avait fait pour Google par exemple. Au départ, le manque de subtilité dans les dialogues laisse présager le pire. Les allusions à des positions sexuelles, à l’incontournable viagra qui donne lieu à de spectaculaires érections gênantes ou encore à la sécheresse des parties génitales fait davantage soupirer que rire, mais, heureusement, elles n’engorgent pas la totalité des 105 minutes du film. Même que certaines blagues étonnent par leur franchise.
Le long-métrage se perd dans ses intrigues. Il délaisse des avenues prometteuses pour se complaire dans des clichés peu risqués. Certes, ceux-ci sont efficaces, mais cette efficacité comprend également un caractère ennuyant qui enlève tous effets de surprise. Les spectateurs suivent relativement bien la trame narrative, mais certains fils auraient été nécessaires pour mieux relier et boucler les récits individuels des protagonistes.
Cela dit, puisque Le club de lecture assume pleinement le fait qu’il ne se prend pas au sérieux, le public se laisse rapidement emporter dans les amourettes sublimées. L’intérêt de celles-ci s’avèrent malheureusement inégal mais elles trouveront sans aucun doute leurs adeptes respectifs. À travers des passages légèrement irréalistes, les scénaristes font considérablement l’effort d’aborder avec authenticité la sexualité féminine une fois le cap de la cinquantaine/soixantaine passé.
La réalité d’aujourd’hui de ces femmes déterminées à ne pas laisser la vieillesse les définir est très bien représentée. Le film réussit même à sournoisement attraper les spectateurs sceptiques à leur propre jeu et préjugés. Bien que certaines scènes génèrent quelques malaises, le sentiment général qui s’en dégage démontre plutôt que les désirs amoureux ne s’éteignent pas avec l’âge et qu’il ne faut pas s’en moquer, mais s’en inspirer. Les personnages dépeints possèdent de belles valeurs, du courage et des failles qu’on peut admirer sans peine. Les réflexions pertinentes qui émanent de cette comédie inoffensive satisferont assurément au public visé, mais même à un plus jeune. Même si les tendances du moment montrent le contraire, le cinéma ne s’adresse pas uniquement aux amateurs de superhéros. D’autres sujets plus délicats méritent également une attention. Le club de lecture leur offre une belle place dans l’ensemble malgré un traitement comique qui n’ose pas pleinement sortir des sentiers battus.
Pour incarner avec brio ces thématiques importantes, la distribution ne pouvait pas être mieux choisie. Le rire ravageur de Diane Keaton, la vulnérabilité de Candice Bergen, l’aplomb de Jane Fonda et l’adorable maladresse de Mary Steenburgen valent à eux seuls le détour. Fort expérimentées dans la comédie, ces actrices utilisent avec ingéniosité leur talent pour élever une réplique anodine avec des expressions faciales tout simplement irrésistibles. Amies dans la vraie vie, les comédiennes s’en servent magnifiquement pour offrir une chimie contagieuse et rassembleuse qui donne bien souvent le sourire.
Ce film est à l’affiche depuis le 18 mai 2018.
Crédits Photos : Paramount Pictures
