En 2010, le film d’animation Despicable Me a révélé au monde entier d’attachantes gélules adeptes de bananes qui aident à concrétiser les desseins diaboliques de Gru, un super vilain. Lors de la suite en 2013, ces petits êtres jaunes surnommés Minion ont même surpassé en popularité leur maître en conquérant le commerce du détail avec multiples toutous, pyjamas, porte-clés et collations céréalières à leur effigie. C’est donc sans surprise que les Minions, à l’instar des Pingouins de Madagascar, deviennent les vedettes de leur propre film. Résolument destiné à un très jeune public, Minions accomplit qu’à moitié les attentes reliées à son titre. Voici les éléments qui sont en effet mignons dans le film…et ceux qui ne le sont pas.
D’abord, le synopsis…
Appuyés par la narration du Capitaine Barbossa lui-même (Geoffrey Rush), les immortels Minions, sur Terre depuis le tout début de la création, causent malencontreusement et innocemment la mort de vilains légendaires (Dracula et Napoléon Bonaparte, pour ne nommer que ceux-là) en voulant travailler pour eux. Incapables de trouver un patron détestable, les Minions s’isolent dans une grotte jusqu’au jour où trois d’entre eux (Bob, Stuart et Kevin) décident d’entreprendre un voyage autour du monde pour trouver méchant à leur pied. C’est alors qu’ils croisent au Vilain Con d’Orlando la première femme vilaine, Scarlett Overkill (Sandra Bullock), qui les engagera pour usurper le trône à la reine d’Angleterre (Jennifer Saunders).
Ce qui est mignon :
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L’esthétisme des images
La qualité des couleurs et des textures confère à elle-seule un dynamisme contagieux au film. Que les Minions se propulsent en Floride ou à Londres, les teintes vivifiantes ainsi que le réalisme saisissant des rues asphaltées et des manoirs somptueux captent l’attention. Bien que clichés, les clins d’œil à des endroits touristiques célèbres comme Abbey Road font esquisser de timides sourires.
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Les voix
Le mode de communication employé par les Minions, qui mélange langages internationaux et inventés, s’avère à la fois éducatif et original. Italienne, espagnole, française et québécoise, toutes les langues y passent et ajoutent un sympathique effet de surprise à des répliques un peu ternes. Chapeau au réalisateur français Pierre Coffin qui, tel un Michel Beaudet avec Les têtes à claques, personnifie vocalement tous les Minions. Sandra Bullock exécute également un travail admirable, même si elle doit endosser un personnage hautement caricatural et fade dans sa flamboyance éculée.
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Bob
Même s’il ne se démarque pas de la panoplie des personnages animés dont l’attitude adorable en ont fait des incontournables (Chat Potté, entre autres), impossible de passer sous silence l’efficacité cinématographique de Bob, le minion dodu aux deux yeux exorbitants. Sa candeur et sa grande générosité risquent de faire de lui le nouveau préféré des petits et des grands enfants.
Ce qui n’est pas mignon :
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Les longueurs du scénario
Dans Despicable Me, les bibittes aux patois charmants remplissaient avec brio leur mandant de rôles de soutien. Dans Despicable Me 2, ils continuaient à faire rire même s’ils étaient trop présents pour ce qu’ils apportaient de concret au récit. Dans Minions, force est de constater que leur gage de succès auprès du public ne suffit pas pour pondre un film pertinent et inventif. Raconter leur origine n’emmène rien de nouveau à la franchise. D’accord, les enfants se réjouiront de voir les Minions plus longuement et les adultes ne se plaindront pas sur le fait que le film ne compte pas plus de 83 minutes. Pourquoi ne pas plutôt relater des intrigues post-Gru qui auraient été davantage propices à se transformer en des idées imprévisibles sortant des sentiers battus? Après le triomphe d’Inside Out qui est sorti à peine un mois avant, le script de Brian Lynch vole très bas. L’impression de vouloir surfer sur la vague mercantile de ces créatures en salopettes au profit d’un divertissement finement songé se fait malheureusement trop ressentir.
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L’usage abusif de l’humour burlesque
L’humour privilégié dans Minions ne contient aucun second degré pour l’auditoire majeur et vacciné. En fait, les répliques cinglantes et déconcertantes se font plutôt rares. L’aspect comique du film réside principalement dans le burlesque. Un Minion qui en frappe un autre. Un Minion qui tombe. Les simagrées exténuantes et franchement énervantes du mari faire-valoir faussement mesquin de Scarlett. Comme il fallait s’y attendre, les meilleurs blagues se retrouvent dans les nombreux teasers et bandes annonces qui submergent la toile depuis des lunes. Résultat? Le film déçoit plutôt que de provoquer les rires.
Ce film est à l’affiche depuis le 10 juillet 2015.
Crédits Photos : Universal Pictures