À prime abord, Ça sent la coupe nous apparaît comme un exemple parfait du cinéma québécois de commande: l’humour bon enfant, les valeurs artistiques mises de côté, les commanditaires en masse et qui propose un autre éloge à notre sport national. Avec un de nos plus grands humoristes comme tête d’affiche, en plus; la recette parfaite « sans prétention », quoi!…
Sauf que, finalement, on est bien loin d’un autre « film de hockey »; si le long métrage de Patrice Sauvé est un feel good movie par excellence, il en est un qui aborde un sujet pertinent, et ce, avec humanité et réalisme. L’accablante mièvrerie d’un Pour toujours les Canadiens n’y est pas, disons… Aucune émotion n’est forcée (hormis, peut-être, lors d’une apparition en fin de parcours de Marc Messier, qui ne fait que nous rappeler ce que nous savions déjà), permettant ainsi à Louis-José Houde de trouver le rôle le plus stimulant de sa carrière, et ce, sans pour autant être un total contre-emploi.
Max est un fervent admirateur des Canadiens de Montréal. De plus, à la suite du décès tragique de ses parents, il devient le propriétaire d’une boutique de souvenirs entièrement dédiée à son équipe favorite. Max vit avec Julie et partage son temps entre elle, son commerce et ses amis, d’autres mordus de hockey. Chaque semaine, ils se réunissent chez Max pour regarder une partie des Canadiens. Après plusieurs années d’absence, sa sœur Nathalie débarque chez lui. Le fragile équilibre entre Max et Julie est rompu, et elle le quitte. Désemparé, il cherche du réconfort auprès de ses amis qui ont d’autres chats à fouetter. Max fait alors le point sur sa vie, particulièrement sur ses relations avec le hockey, ses amis, sa famille et Julie.
Constat: Max est un nostalgique, dans ses passes-temps comme dans ses amours, dont l’optimisme et la naïveté feront de lui un homme fini. Ce qui devient rapidement fascinant, lorsque le spectateur constate qu’il est lui-même influencé, celui-ci conditionné à se complaire dans ces films où les attentes spectatorielles ne sont jamais déjouées. En ce sens, le cinéphile classique ne peut que se reconnaître à travers Ça sent la coupe (lui et le protagoniste revenant toujours au sacro-saint: « Quand j’étais jeune… »); ça ne fait que décupler le plaisir. Oui, parce qu’on s’amuse beaucoup, notamment grâce à Houde, mais également Louis-Philippe Dandenault, dont la chimie permet au film d’atteindre des sommets, grâce à des répliques punchés et honnêtes.
Cette chronologie entortillée, surtout en début de route, s’avère probablement la plus grande lacune à cette adaptation du roman éponyme de Matthieu Simard, qui signe également le scénario. Il faut un certain temps avant de pouvoir entrer dans le récit; celui-ci commençant in medias res, on nous présente certains personnages secondaires trop caricaturés pour être attachants ainsi qu’une mise en situation loin d’être prenante, faute d’être précipitée. C’est lorsque le sous-texte thématique embarque que Ça sent la coupe franchit le Rubicon, et ce, pour le mieux!
Enfin, un divertissement grand public garanti au succès (tous les ingrédients nécessaires y sont, du moins) qui ne nous verra pas trop tempérés. On commençait à avoir hâte.
Crédit photos: Les Films Séville
Crédit résumé: Régie du cinéma du Québec (RCQ)