La sortie du premier opus de Borat, en 2006, avait créé une onde de choc à l’époque. Non seulement le film était irrévérencieux, satirique et parodiait une Amérique en lui imposant le personnage d’un journaliste du Kazakhstan venu au pays pour y découvrir la coutume, mais l’œuvre de Sacha Baron Cohen présentait un ton vraiment différent, en y mélangeant des scènes prises du réel avec une fiction complètement éclatée et adolescente. Par contre, l’humour parfois crû, même déplacé, du premier opus ne pourrait probablement pas être présenté de cette manière aujourd’hui. C’est donc un énorme pari pour Cohen de sortir la suite cette année, en exclusivité sur Amazon Prime.
Cette fois réalisé par Jason Woliner (The Last man on Earth), ce nouveau Borat emprunte exactement la même voie formelle et technique, nous présentant un scénario structuré sous une base pratiquement identique à l’original. Le personnage de Cohen sera de nouveau envoyé dans une Amérique extrêmement actuelle, investi d’une toute nouvelle mission : Livrer sa plus jeune fille en cadeau au vice-président républicain Michael Pence. Juste ça.
On s’en doutera, l’humour très adolescent et critique du Borat original est toujours présent dans la suite, et les auteurs ne se censurent aucunement, continuant à dénoncer le sexisme, racisme et les nombreux paradoxes de la culture américaine. Le ton ne sera pas plus subtil qu’à l’habitude, mais le cabotinage est beaucoup moins présent, laissant place à un humour plus critique et engagé. La présence de Maria Bakalova, interprétant Tutar, la jeune fille que Borat doit offrir au vice-président, est également un point majeur de l’œuvre. En plus de permettre à un Borat désormais trop connu de mieux réussir les segments en caméra cachée, elle impose une présence nécessaire afin d’aborder les énormes inégalités entre les hommes et les femmes, ce que le film n’avait pas.
Ces fameuses séquences en caméra-cachée, aussi nombreuses que dans l’original, ne réussissent toutefois pas à autant berner. La ligne est beaucoup plus définie entre ce qui est capté du réel et ce qui est scénarisé, et la balance toujours chancelante du premier opus manque à sa suite. Malgré tout, le scénario est assez intéressant pour capter l’attention du spectateur, alors que l’objectif initial de Borat et Tutar prendra des allures insoupçonnées. On vous laissera la surprise, mais osons croire que le film sera l’objet de scandales dans les prochains jours, et on souhaite une bonne équipe d’avocats aux producteurs du film (quoiqu’Amazon doit être plutôt assuré en la matière).
Borat subsequent moviefilm réussit donc à reprendre le ton et l’audace de l’original, tout en l’adaptant aux nouveaux standards et valeurs actuelles. Tourné au cours des derniers mois, allant même jusqu’à présenter certains moments tirés de la pandémie et du confinement américain, le film ne pourrait pas être plus dénonciateur d’une réalité présente, et plutôt effrayante. Sacha Baron Cohen a définitivement encore beaucoup d’idées, et une énergie engagée de plus en plus raffinée.
La nouvelle comédie engagée de Sacha Baron Cohen emploie les mêmes codes qui avaient fait le succès du film original, en les adaptant à l'humour et aux préoccupations actuelles. Un film qui va sans doute créer des scandales, au grand plaisir de l'équipe.