C’est lorsqu’une équipe s’établit dans le paysage cinématographique qu’il peut réaliser quelques fantasmes. Celui du duo Wingard-Barrett (You’re next, The Guest) fut de réaliser une suite (qui ressemble davantage à un remake) du célèbre Blair Witch Project. L’œuvre d’origine, connu pour être le premier found footage, avait fait beaucoup jaser à l’époque, notamment grâce à son caractère amateur, inédit et encore aujourd’hui mystérieux. L’hommage de Wingard, réalisé 17 ans plus tard, ne peut évidemment pas être à la hauteur de son prédécesseur, puisque tout le monde connaît l’intrigue originale.
Au moins, la nouvelle franchise de Wingard ne reprend pas exactement la même histoire que son prédécesseur : on suivra non pas trois, mais bien six documentaristes, encore à la recherche de la fameuse sorcière de Blair. Cette fois, l’expédition sera menée par James, qui croit encore que sa sœur Heather, l’héroïne de Blair Witch, est vivante. Comme on pouvait le deviner (l’espérer!), l’aventure ne se déroulera pas comme prévu, et les caméra nerveuses de tous les personnages nous transporteront au cœur d’une intrigue… finalement assez identique à l’original.
La nouvelle version du personnage qui respirait fort devant la caméra. Notons qu’en 2016, il y a plus de sang qu’en 1999.
Évidemment, l’histoire est mise au goût du jour. Les personnages, à défaut d’avoir assez de nourriture pour survivre, ont tout de même amené trois caméras, un drône, une caméra infrarouge… Leur attirail digne d’un James Bond (ou d’un Nitro : Rush) semble pouvoir amener le film à une foule de scènes intéressantes et originales… Mais au final, le paiement escompté ne sera pas atteint. La caméra infrarouge sera installée, mais jamais utilisée, et la seule utilité au drône sear finalement de s’accrocher à une branche. L’ensemble du scénario se devrait d’avoir un semblant de cohérence, surtout pour la facture esthétique du film amateur, et tout y est presque… Sauf les scènes de morts des personnages, ne cadrant pas du tout avec le reste du film. Dans le Blair Witch original, tout restait en suspense, hors-cadre. Le spectateur se faisait sa propre interprétation des événements, et c’est ce qui nous effrayait! Le Projet Blair de 2016 vous fera frémir, mais avouons-le, les punch de violons à tous les jump-scares qui nous défoncent les tympans à chaque minute y sont pour beaucoup.
Bonne nouvelle, cependant : après une heure de film, où on ne fait que tuer les personnages qui avaient été rajoutés, l’intrigue arrive au moment clé du scénario: vous vous rappelez sans doute de la finale du Projet Blair original, constitué d’une poursuite confuse et terrifiante dans la maison de la sorcière. Cette séquence, reprise dans l’hommage de Wingard, est probablement la plus réussie du film. Nous sommes rivés sur notre siège, incapables de respirer, durant une bonne dizaine de minutes. Et ne serait-ce que pour ce moment, le film, finalement, en vaut le coup. Oui, on endure une bonne heure vraiment inférieure à la finale, mais l’attente en vaudra la peine.
Finalement, Blair Witch n’est pas une déception totale. Les fans de la franchise originale prendront plaisir à revivre les émotions qui, au final, sont bien rendues. Le montage, malheureusement trop apparent et les effets spéciaux coupent trop du réalisme qu’on appréciait dans la version originale, mais on passe tout de même du bon temps. Par contre, si vous n’avez pas encore vu le Projet Blair de 1999, passez le remake, et trouvez la version originale d’abord!
Date de sortie au Québec: 16 septembre 2016
Même si l'oeuvre signée Wingard-Barrett ne réussit pas à reproduire le réalisme et l'innovation de l'original, la Légende Blair reste malgré tout un bon found footage inventif dont les dix dernières minutes sont très réussies.
