Malgré que le passé artistique de Michael Mann (Miami Vice, Collateral, The Insider) puisse nous laisser croire aux possibilités d’un thriller informatique survolté, ce serait un euphémisme incroyable d’affirmer que ce dernier, fort loin d’être le reflet des années d’expérience de Mann, est une déception inconcevable. Au final, Blackhat est porteur d’une pauvreté scénaristique impensable, de maladresses incommensurables et d’un manque de rigueur cinématographique absolument inacceptable dans un contexte de production aussi important que celui-ci. Mann s’est tiré dans le pied.
Blackhat, c’est l’histoire d’un pirate informatique, actuellement détenu, qui tente de voir sa sentence réduite en démantelant un réseau de « hackeurs » professionnel pour le bien de la CIA. Malheureusement, le film ne dépasse pas la simplicité dramatique de son synopsis. Restant enfermé dans les confins du genre, Blackhat se réfugie à l’intérieur de clichés absurdes et se retrouve étouffé par une maladresse narrative indéniable : la relation amoureuse soudaine tout à fait inutile, une complexité scénaristique vaine, des références culturelles et sociales à la ramasse, etc. Le film est en fait un amalgame incongru d’éléments qui peut-être auraient dû être explorés de manière plus approfondie avant d’être étalés durant deux heures.
N’explorant jamais véritablement en profondeur le monde du piratage informatique, le film de Mann ressemble plutôt à un épisode d’un dessin animé pour enfant qui emploie des mots très techniques pour donner une impression de compétence – une impression illusoire. C’est en effet à travers des scènes inintéressantes de Chris Hemsworth récitant une liste de mots technologiques en regardant un écran d’ordinateur que la majorité du contenu narratif important est livré.
Évidemment, malgré les gaucheries scénaristiques, il serait aisé d’insinuer que le talent de metteur en scène de Mann donne au film l’absolution nécessaire à notre appréciation. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Non seulement Blackhat est un film confus par sa réalisation, celui-ci réussi fréquemment à totalement perdre le spectateur dans l’aspect généralement bordélique des scènes. Effectivement, Mann n’arrive jamais à apporter cohésion entre les scènes et surtout entre les plans eux-mêmes. Parfois, il est presque carrément impossible de se situer dans l’action ou même de comprendre la conception des environnements – une problématique considérable pour un film du genre.
Dernière chose que j’aurais cru avoir besoin de mentionner en élaborant sur un film d’un budget de plus de 70 millions de dollars, c’est l’aspect technique de ce dernier (oui, oui, je parle bel et bien de tout ce qui est caméra et quelconque autre équipement filmique). Pourquoi se pencher sur cet aspect? Car Blackhat parait à plusieurs reprises aussi amateur qu’un film étudiant. La caméra tremblotante, les mouvements de trépieds bâclés, les images qui manquent de cohésion esthétique, l’alternance insupportable entre les sept caméras employées pour le tournage; tous des éléments qui n’améliorent en aucun cas la situation du dernier film de ce cinéaste de renom.
Somme toute, Blackhat est une maladresse évidente de la part du réalisateur et surtout une très grande déception. Il est difficile à croire qu’autant de talent et de moyens peuvent créer une œuvre en manque indéniable de vie et de passion. Non seulement le film n’est pas à la hauteur des standards du genre en terme narratif et technique, mais il représente le point noir dans la carrière de Mann. Peut-être que son prochain essai réussira à réparer les pots cassés, mais en attendant, il existe une panoplie d’autres films abordant la même thématique qui méritent véritablement votre temps.
Crédits Photos: Google Images