Vouloir rendre hommage à l’un de ses cinéastes favoris est une chose. Vouloir se prendre pour lui et répliquer ce qu’il faisait en est une autre. Parce que, lorsqu’il est question de la seconde option, l’effort semble trop souvent… « forcé » et cela donne habituellement droit à des films prétentieux, confus et qui fonctionnent plus ou moins. C’est un peu le cas de ce Beyond the Black Rainbow qui semble désespérément vouloir être comparable à une œuvre du grand Kubrick.
Se déroulant en 1983, Beyond the Black Rainbow raconte l’histoire d’Elena, une jeune femme gardée en captivité dans un laboratoire expérimental. Possédant des habilités télékinétiques, cette dernière est constamment surveillée par le docteur Barry Nyle, un homme des plus mystérieux qui semble vouer un véritable culte face à la jeune fille. À l’aide de ses pouvoirs, Elena tentera d’échapper à celui qui la garde prisonnière.
Si vous vous retrouvez avec une copie DVD/Blu-ray de Beyond the Black Rainbow entre les mains, vous remarquerez immédiatement les divers acclamations offertes par les critiques face à son aspect technique. « Mind blowing visuals », « Gorgeous », « A visual trip… hypnotic », disent plusieurs. En effet, la facture visuelle du long-métrage de Panos Cosmatos est absolument spectaculaire. À l’aide d’un éclairage surnaturel, le cinéaste plonge le spectateur dans un univers qui frôle parfois le fantastique. Voilà un film qui risque d’intéresser les directeurs photo amateurs… Se déroulant au milieu des années 80, les divers costumes et coiffures ont été réalisés à la perfection. La trame sonore, entièrement créée à l’aide d’un synthétiseur analogique s’avère également très efficace et envoûtante.
Il est évident que, en réalisant son film, Cosmatos ne tenait pas (et ne s’attendait probablement pas) à plaire à la masse; Beyond the Black Rainbow est un film réalisé pour les « vrais » cinéphiles, un film fait pour ceux qui en ont vu de toutes les couleurs. Être lent dans son schéma narratif n’est pas nécessairement une mauvaise chose en soi; cela peut permettre au réalisateur d’instaurer un certain mystère ou encore du suspense à son œuvre. Ici, cependant, on n’en voit pas nécessairement le besoin. D’accord, ces longs plans-séquences et travellings optiques sont bien beaux à regarder, mais leur nécessité peut parfois être discutable.
Ainsi, beaucoup du long-métrage repose sur ses deux comédiens principaux qui, malheureusement, sont sous-utilisés. N’ayant quasiment aucune ligne de dialogue, la jeune Eva Bourne se voit contrainte à jouer qu’avec très peu et son travail physique, beaucoup trop restreint, n’apporte pas assez à son personnage afin de lui insuffler ce côté menaçant que devrait avoir celui-ci. Quant à lui, Michael Rogers est plus efficace mais il est dommage que le jeu plus exagéré qu’il livre lors du dernier acte rende le reste de son travail un peu frivole.
Pourtant, malgré ses divers lacunes, Beyond the Black Rainbow est un film que l’on voudra revoir. Non seulement l’univers créé par Cosmatos est-il visuellement captivant, on se verra déterminer à bien comprendre les divers thèmes retrouvées dans l’œuvre. Parce que, entre vous et moi, il est difficile de concevoir qu’un film où une jeune fille aux pouvoirs psychiques tente d’échapper à des robots puisse porter un commentaire face au baby boom… Bref, une expérience cinématographique à laquelle il faut au moins participer une fois.
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