« Si les souvenirs nous définissent, qu’advient-il de notre identité, lorsque nous en venons à les perdre? » Voilà la problématique qu’aborde Before I Go to Sleep, adaptation du roman à succès du même nom que nous propose Rowan Joffe. Portrait d’un couple dont l’existence tombe en décadence suite à un mal dont est infligée la conjointe, c’est à croire qu’Hollywood prend désormais un malin plaisir à porter un regard pessimiste face au mariage (on n’a pas encore digéré Gone Girl, sorti il y a déjà quelques semaines).
À chaque fois qu’elle dort, Christine efface complètement de sa mémoire les évènements de sa vie antérieure. Selon son époux Ben, ces évènements sont dus à un accident crânien ayant eu lieu il y a de nombreuses années. À l’insu de son mari, Christine rencontre le docteur Nasch qui lui rappelle quotidiennement de regarder une caméra, sorte de journal intime, afin d’en apprendre plus sur son passé. Ce faisant, la femme découvrira de nouveaux faits qui lui feront réévaluer son rapport aux autres, peut-être même ceux qui lui sont le plus proche.
Héritier direct du Memento de Nolan, ce suspense psychologique ayant comme personnage central une femme pour qui les mêmes questions reviennent continuellement demandait un travail d’écriture et de montage rigoureux et efficace. Chose certaine, Before I Go to Sleep arrive à nous accrocher dès les premières minutes avec une prémisse qui, bien que convenue, comporte des enjeux réels et pertinents. Cependant, la résolution de l’énigme se devine assez facilement, et ce, même si le film survole rapidement quelques détails qui, bien qu’ils peuvent sembler importants, s’avèrent au contraire quasi-naïfs, offrant ainsi une intrigue manquant grandement de dynamisme.
D’autant plus que le film perd sa tension interne qui demeurait objectivement relativement correctement construite, lorsqu’arrivent certaines scènes de violence particulièrement brutales tombant presque dans le ridicule. Les comédiens se débrouillent du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, à commencer par Naomi Watts qui offre une performance inégale, faute de devoir incarner un personnage devant toujours répéter comment elle se sent ou encore les questions qu’elle se pose. Narrativement parlant, c’est difficile à considérer comme intéressant ou encore plaisant. Même s’il est toujours agréable de voir ce bon vieux Mark Strong à l’écran, celui-ci ne demeure ici que simple accessoire à l’histoire. Seul Colin Firth se démarque vraiment, dans le rôle de cet homme protecteur tentant tant bien que mal de vivre avec cette épouse doutant de l’identité de son conjoint.
Parti sur la bonne voix, Before I Go to Sleep ne pourra cependant pas mériter autre chose qu’une recommandation Netflix. Sait-on jamais, peut-être faudrait-il jeter un coup d’oeil aux écrits de S. J. Watson; ce ne serait pas la première fois que la version papier soit la meilleure…
Crédits Photos: Les Films Séville