Il faut toujours se tenir près de ses amis, et encore plus près de ces ennemis. C’est ce qu’on m’a toujours dit. Mais lorsque nos meilleurs amis sont également nos pires ennemis, quelle est la réaction logique? C’est ce que les 42 élèves de la classe la plus malchanceuse du Japon vont expérimenter dans Battle Royale, de Kinji Fukasaku.
Battle Royale agit un peu à titre d’un Hunger Games asiatique. En plus mature et plus sadique. À cause d’un programme gouvernemental plutôt louche, une classe de 42 jeunes est sélectionnée à travers le Japon afin de participer à une expérience plutôt particulière. En effet, ces jeunes, qui se connaissent tous, seront relâchés sur une ile, collier explosif au cou, et auront deux jours pour s’entretuer. La carotte au bout du fil : Le dernier survivant a droit à la vie.
Ce procédé de sélection naturelle, censé créer une espèce de seconde race aryenne, ne fera pas que des heureux (quelle surprise!). Cependant, les 42 heureux élus n’auront d’autre choix que de prendre l’un des sacs mystère (contenant tous une arme différente, du AK-47 à la paire de jumelles, à qui la chance!) et de se sauver sur l’ile en espérant survivre.
Déjà que cette situation soit plutôt hors de l’ordinaire, elle devient pratiquement invivable lorsque les élèves doivent passer à l’action. En effet, comme ils se connaissent depuis déjà plusieurs années, le meurtre n’est pas chose facile. C’est donc avec grand regret que plusieurs amitiés se briseront… assez drastiquement. Le public aura même l’opportunité d’assister à quelques ruptures amoureuses plutôt sanglantes. Bien entendu, la personnalité des étudiants entrent en jeu, et si certains seront plutôt enjoués à l’idée de meurtres sanglants, d’autres, plus timides, préfèreront éviter le génocide en se cachant (du mieux qu’ils le peuvent, du moins).
Vous l’aurez probablement remarqué au ton de cette critique : Battle Royale n’est pas un film qui se prend au sérieux. Bien que le contexte soit plutôt barbare et morbide, c’est plutôt une approche cynique et presque humoristique que le réalisateur a décidé d’amener ici. Que ce soit dans la réalisation, dans le scénario ou même dans l’acting, tout est délirant, éclaté, presque à la manière d’un anime. Au lieu de nous perdre dans mille éternités de dialogues et d’hésitations, on passe directement à l’action. Un meurtre n’attend pas l’autre, et c’est avec un sadisme plutôt troublant que les 42 jeunes se prêteront au jeu. À la boucherie.
Plus les meurtres défilent (accompagnés d’un décompte «officiel») et plus les anciens liens d’amitié qui unissaient les étudiants se brisent. Au final, on réalise que Battle Royale n’est rien d’autre que la représentation d’une jeunesse qui, bien qu’elle paraisse sage et bien rangée, n’attend que la bonne opportunité pour se défouler et arranger ses problèmes à sa manière. À la manière du film L’Expérience, les personnages enfilent très bien les masques qu’on leur offre. C’est cette réflexion, bien plus que le scénario initial, qui fait le charme de Battle Royale.
Le cinéma japonais est reconnu pour son grand nombre d’œuvres assez sadiques, et Battle Royale ne fait pas exception à la règle. Ici, aucun scrupule à montrer l’affrontement à mort de 42 enfants. C’est pourtant un délice (assez malsain, il faut l’avouer) que de voir les machinations, trahisons et fausses amitiés qui parsèment le scénario. Par contre, je dois admettre que, vu la physionomie assez semblable des acteurs, il fut parfois difficile de discerner un personnage de l’autre. Les surprises sont beaucoup moins efficaces lorsqu’on ne se rappelle plus à qui l’on a affaire, et les noms des personnages (Shuya, Noriko, Shôgo pour n’en nommer que 3 sur 42) n’aident évidemment pas à tout démêler. Par chance, il n’est pas nécessaire de bien avoir compris le scénario pour apprécier le film. Plus les minutes avancent, moins les protagonistes se font nombreux, et bien vite, on arrive à tirer notre épingle du jeu en s’attachant à certains d’entre eux (Si on cherche bien, on arrive même à leur trouver une personnalité!).
Battle Royale est un de ces films marquant, sans que l’on sache trop pourquoi. Même si le contexte est des plus barbares, si l’histoire est cruelle et parfois même dérangeante, si les acteurs ne sont pas toujours à la hauteur (au moins, les pires meurent en premier), on n’arrive pas à détacher les yeux du film. Les paris sont ouverts. Qui finira vivant de Battle Royale?
Crédit Photos : Google Images
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