Lorsqu’il est apparu sur nos écrans en 2010, Le journal d’Aurélie Laflamme a connu un joli succès critique et commercial. Adapté des deux premiers tomes de la populaire série du même nom créée par India Desjardins, le film relatait avec humour et sensibilité les questionnements existentiels d’Aurélie, incarnée avec aplomb par Marianne Verville, fille du comédien et humoriste Pierre Verville (Les Lavigueur: la vraie histoire). Cinq ans plus tard, dans Aurélie Laflamme: Les pieds sur terre, la belle Aurélie, maintenant rendue en cinquième secondaire, se pose toujours autant d’interrogations sur le monde qui l’entoure…pour notre plus grand plaisir!
Le bal approche à grands pas pour Aurélie (Marianne Verville) et sa meilleure amie Kat Demers (Geneviève Chartrand). Entre les préparatifs et les petites angoisses qui s’y rattachent, Aurélie doit composer avec sa rupture récente avec le beau Nicolas Dubuc (Aliocha Schneider), des premiers emplois, la planification de son futur choix de carrière, une relation tendue avec son ami d’enfance Tommy Durocher (Lou-Pascal Tremblay), des rendez-vous compliqués avec un étudiant érudit provenant d’une autre école (Pier-Luc Funk) et un professeur de français exigeant (David La Haye). Il ne faut oublier à l’addition une nouvelle maison, un beau-père trop parfait (Stéphane Gagnon) et une mère aux prises avec d’étouffantes bouffées de chaleur (Édith Cochrane).
Comme le titre du film l’indique, l’aspect journal de l’histoire est délaissé pour faire place à une traditionnelle voix hors champ qui se contente de résumer quelques extraits du journal seulement. Puisque Aurélie grandit au même rythme que ses principaux fans, cette décision s’avère judicieuse. Par contre, les non-initiés aux romans risquent de se sentir perdus dans la trop courte récapitulation des cinq années qui se sont écoulées, cette dernière introduisant des personnages peu ou pas du tout présents dans le premier film. Le plus réjouissant dans Aurélie Laflamme : Les pieds sur terre est que, même s’il emprunte une trame narrative conventionnelle du film pour ados, il s’en éloigne à la fois grâce à un rythme engageant, des dialogues punchés et un savant mariage d’humour absurde et de moments touchants. Il faut toutefois dénoter la faiblesse et le manque de pertinence de certaines sous-intrigues comme l’idylle futile entre Aurélie et Jean-Benoît, l’emploi chez Miss Magazine et la relation avec Louis Brière, le prof de français. Visiblement bâclées, ces intrigues n’héritent pas de dénouements satisfaisants.
Les imperfections d’Aurélie et sa folle quête à la normalité font immanquablement son charme et le succès de cette courte franchise. La fraicheur et le profond réalisme avec lesquels sont abordés les thèmes de l’homosexualité, du deuil, du premier amour et de la pression sociale permettent autant aux adolescents qu’aux adultes de s’identifier aux destinées des protagonistes. Impossible de ne pas se sentir nostalgique et empathique face aux questionnements d’Aurélie reliés à la peur de choisir le bon champ d’études, à la longévité souvent précaire des amitiés à distance et à la confiance en soi. Jamais les ados ne sont pris pour de pauvres idiots et ça fait un bien énorme.
Reléguée à Nicolas Monette, la réalisation, dynamique à souhait, illustre à la perfection, par le biais de savoureux fantasmes imagés, les tourments existentiels et les péripéties rocambolesques d’Aurélie. Parmi ces métaphores, soulignons la lente noyade dans l’océan représentant le choc et la peine que ressent Aurélie quand Nicolas la quitte et la guerre sur un champ de bataille qu’Aurélie se livre à elle-même. Le tout est agrémenté par une séduisante trame sonore mettant en vedette de fabuleux groupes émergents tels que Groenland, Monogrenade, Milk and bone et Liyon.
Du côté des performances, les acteurs tirent admirablement bien leur épingle du jeu. Geneviève Chartrand apporte à sa Kat une fougue contagieuse. Lou-Pascal Tremblay, véritable révélation, incarne avec une douce fragilité un Tommy absolument irrésistible. Stéphane Gagnon mise sur un jeu simple fort efficace et émouvant. Édith Cochrane, dont le talent indéniable pour la comédie n’est plus à prouver, parvient à équilibrer avec doigté humour cabotin et l’amour infini d’une mère. David La Haye, bien qu’imposant et inspirant, n’esquive pas entièrement les clichés attachés à son personnage. Dans le rôle-titre, Marianne Verville vole la vedette. La jeune comédienne affiche une personnalité et une présence uniques. Elle se démarque par ses expressions faciales loufoques et son réalisme saisissant, campant à la perfection toutes les émotions en montagnes russes d’Aurélie.
Bref, Aurélie Laflamme : Les pieds sur terre clôt d’une merveilleuse façon les sympathiques aventures de la pétillante Aurélie, même si on souhaite secrètement qu’elle revienne nous raconter ses trépidantes années à l’université et comme jeune maman!
Ce film est à l’affiche depuis le 24 avril 2015.
Crédits Photos : Téléfiction Cinéma
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