Depuis des siècles, l’homme s’apaise l’esprit avec la plume de Shakespeare. Roméo & Juliette, Hamlet, Macbeth et bien d’autres personnages connus aujourd’hui sont nés des mots de l’écrivain anglais. Un incontournable dans les cours de littérature anglaise, l’œuvre de William Shakespeare a été transmis de génération en génération. Mais que savons-nous réellement de l’homme qui se cache derrière ce monument historique ? Et si je vous disais qu’en fait, vous ne connaissez pas la vérité sur cet homme qui partage l’imaginaire collectif depuis les années 1600. C’est ici que se trouve la prémisse du film Anonyme (Anonymous), réalisé en 2011 par Roland Emmerich qui prétend que William Shakespeare est une fraude. 
« Notre Shakespeare est une énigme, un fantôme. Laissez-moi vous conter une autre histoire, une histoire plus noire. Une histoire d’encre et sang, que pouvoir et de forfaiture d’une scène conquise et d’un trône perdu. »
C’est en effet une toute autre histoire entourant le personnage mythique qui nous est racontée. Le nom connu de tous ne serait qu’un vulgaire acteur utilisant la plume d’un homme de la noblesse. Étant mal vu pour la cour royale de s’adonner à une activité telle l’écriture, le conte d’Oxford Édouard s’est résigné à donner les crédits de ses œuvres à autrui. Évidemment, rares sont les personnes dignes de confiance. Trahison, escroquerie, amour et amitié sont au rendez-vous dans ce récit se déroulant au 16e siècle.
La prémisse est donc très intéressante et apporte une vague de fraicheur dans le monde shakespearien qui nous est traditionnellement présenté. La façon dont on l’introduit apporte d’autant plus un angle attrayant. Le prologue ne s’installe pas immédiatement dans l’ère du règne d’Elizabeth I, mais plutôt dans une salle de théâtre bien contemporaine. On présente le film qui s’en suivra comme en fait, une pièce de théâtre donnée à l’ère des années 2000. Cet élément ajoute de la crédibilité à la prémisse principale : le spectateur commence à croire la théorie et douter de ce qu’il, à ce jour, connaissait sur l’homme en question. Le récit absorbe donc l’auditeur, et ce, de diverses façons. L’élément de nouveauté au monde déjà connu des spectateurs est une très bonne façon d’attirer l’auditoire. Sa forme, comme déjà mentionnée, est également intéressante par son introduction, mais également pour les diverses sauts dans le temps effectués tout au long du film. Ces derniers ajoutent un dynamisme particulier au récit, surtout pour un film d’époque.
Si le spectateur est tantôt captivé par le scénario, il est tantôt ébloui par l’univers shakespearien si bien recréé par Emmerich. La musique, les costumes et les éclairages forment une ambiance digne de l’ère monarchique. Aussi, les traditions royales sont généralement respectées, élément important qui est trop souvent escamoté. Évidemment, le travail du réalisateur est brillamment soutenu par la distribution. Les visages qui défilent tout au long du film sont parfois inconnus du grand public, parfois connus. Le choix de n’avoir sélectionné aucune grande tête d’affiche est une excellente décision, compte tenu le contexte dans lequel le film a été réalisé. De cette façon, le spectateur croit davantage au récit. Les visages plus familiers sont Vanessa Redgrave ainsi que sa fille Joely Richardson. Elles dupent aisément le public en interprétant toutes deux Elizabeth I. Pendant un moment, on croit à un tour de force de la part de l’équipe du maquillage.
Anonyme est donc un excellent film à voir pour les adeptes de Shakespeare ou encore des films d’époques. Il est certain que le genre ne plaira pas à tout le monde, mais la proposition du film vaut le visionnement ! Évidemment, il serait possible de critiquer la cohérence factuelle en ce qui a trait à la vie de William Shakespeare et de comparer tous les faits présentés au cours du film. Je crois qu’il faut plutôt apprécier Anonyme pour l’idée générale qu’il présente et l’agilité avec laquelle le film nous entraine dans cet univers si lointain, qui semble pourtant si proche lors du visionnement.
Crédit Photos : Sony Pictures
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