Inséparables, Tim et Francis terminent leurs études secondaires. Malheureusement, Francis est souvent pris à partie par Jeff qui, avec l’aide de ses amis et sous le regard complice des autres élèves, se moque de son homosexualité et l’agresse physiquement. Poussé à bout, Francis s’enlève la vie sous les yeux de Tim. Se sentant coupable d’avoir trahi son ami, celui-ci décide de venger sa mort. Il s’inscrit alors dans l’équipe d’athlétisme de l’école afin d’affronter Jeff dans une compétition de course à pied. La rivalité devient si intense entre les deux adolescents qu’ils se retrouvent pris au piège d’une spirale absurde et destructrice.
Dans le genre, on ne pouvait pas vraiment demander mieux. Pas fâché de les entendre – loin de là – mais les quelques réserves face à toutes ces éloges reçues depuis sa projection au dernier FCVQ sont néanmoins bien présentes…
Le problème, c’est que cette histoire a été présentée de nombreuses fois déjà. Pas juste le coming of age, mais aussi ce regard face à l’intimidation – important, certes – mais qui laisse peu d’innovation, artistiquement parlant. Force est d’admettre que Yan England s’est néanmoins acquitté de la tâche avec brio. Un travail bien fait, qui évite plusieurs des pièges généralement retrouvés. En ce sens, on veut dire que le tout est traité avec crédibilité, avec vraisemblance… Il y a peut-être une surenchère de drame, oui, mais 1:54 ne sombre jamais dans le mélodrame.
Une scène en particulier, impliquant le protagoniste campé par Antoine Olivier-Pilon, alors que celui-ci tente – maladroitement – de dévoiler son amour à son ami, démontre la vulnérabilité faisant la force du film d’England. « Maladroitement », parce que ses protagonistes sont laissés à eux-mêmes; les adultes – ignorants, parce qu’absents contre leur gré – font bien piètres figures de justice dans cette cage aux lions à laquelle s’apparente une cafétéria d’école secondaire. Mention, donc, à Lou-Pascal Tremblay (tout comme ses sbires, d’ailleurs…), qui fait preuve d’une grande justesse, dans ce rôle contre-emploi; jamais trop fendant, jamais trop baveux…
Dommage, alors, que sa finale ne bénéficie pas de la même efficacité. Non pas par son propos, mais plutôt par son exécution; trop précipitée, la claque émotionnelle n’opère pas autant que le voudrait 1:54. Un petit accroc qui n’enlève cependant rien au film, dont le message proposé avait déjà fait effet. Comme l’a récemment si bien dit l’un de ses interprètes, lors d’une entrevue: «1:54 n’est pas un film aimable. Il ne laisse pas indifférent. C’est ce qui en fait la force et la beauté.»
Crédit photos: Les Films Séville