Il est important d’en faire mention; Michael Fassbender est sans aucun doute l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Interprète caméléon qui se glisse très bien dans la peau de n’importe quel personnage, comptant le visionnaire derrière Apple, Steve Jobs, dans le film du même nom, un esclavagiste sans pitié dans 12 Years a Slave, jusqu’à un homme américain terriblement dépendant au sexe dans Shame, tout ce qu’il touche est de l’or….ou presque. En fait, nous avons malheureusement une exception à la règle avec The Snowman, nouveau long-métrage de suspense réalisé par Tomas Alfredson. Je voulais tellement aimer ce film pour son impressionnante distribution, mais c’est bien difficile quand un récit est si décousu et sans réelle chaleur. C’est le cas de le dire, ce film ma laissé «de glace» (jeu de mots, haha). C’est toujours un pari risqué d’adapter une oeuvre littéraire à succès et d’espérer un second chef-d’oeuvre. Alfredson et son équipe ont malheureusement perdu leur pari, quel gâchis ce film.
À Oslo, en Norvège, un policier du nom de Harry Hole, un alcoolique et somnambule en manque de travail (Fassbender, sur le pilote automatique), est assigné à un cas d’homicide où une mère de famille a été tuée dans la neige, devant chez elle. Faisant équipe avec une jeune policière transférée (Rebecca Ferguson), ils découvrent bien vite que ce meurtre est une partie prenante de plusieurs autres, oeuvre d’un tueur en série qui se nommerait « The Snowman », car il laisse toujours un bonhomme de neige derrière lui. Le récit, divisé entre la vie de famille de Harry, son ex-conjointe (Charlotte Gainsbourg), son fils et le beau-père, et l’enquête policière, le détective et son équipe découvriront vite que les motifs du meurtrier sont liés à la famille, à l’acte de donner naissance et l’idée de consulter un médecin pour discuter de la possibilité d’un avortement. Jusque là, et tout au long du film, rien de trop complexe.
En fait, le problème majeur de ce suspense n’est pas du tout le récit, mais c’est la manière dont le récit et le rythme ont été exploités. Pour une raison incompréhensible, le montage manque de lenteur à un point tel qu’il est impossible de se familiariser réellement avec les personnages, leur motivations ou même leur histoire. Généralement, un thriller ou un film policier à succès prendra toujours le soin de réunir toutes le pièces du casse-tête pour donner un sens réel à l’intrigue à la toute fin. Ici, oubliez le casse-tête complété, certaines pièces ont été perdues ou sont tombées sous les cousins du divan. C’était également le problème du film fantastique The Dark Tower que j’ai critiqué il y a quelques mois, The Snowman semble avoir été oublié sur une étagère ou certaines scènes auraient même été perdues au montage. Les scènes défilent, l’une après l’autre, les personnages ne parlent que très peu et l’intrigue n’est pas assez décortiquée à la loupe pour nous donner le temps de réellement réfléchir sur l’identité du tueur. Enfin, lors du moment de la révélation finale, c’est un pétard mouillé, nous ne sommes presque pas surpris. De plus, c’est drôle à dire, mais le terrible jeu et le visage changé de Val Kilmer nous donnent encore bien plus la frousse que le meurtrier (le pauvre a subi une opération à la gorge suite à un cancer, il est méconnaissable).
Pourtant un bon réalisateur, Tomas Alfredson, qui était derrière le très bon Tinker Tailor Soldier Spy (2011), a d’ailleurs avoué que son film n’était pas ce qu’il espérait, justement parce qu’il ont du couper énormément du premier scénario adapté. D’ailleurs, après avoir visionné la bande-annonce et le film, il est facile de remarquer que plusieurs scènes ont été coupées au montage final. Bref, pas surprenant que Michael Fassbender soit sur le pilote automatique par un jeu sans réelle émotion, il devait savoir que quelque chose ne tournait pas rond. Que dire aussi des autres acteurs de soutient, sous-utilisés et en manque d’un dénouement à leur histoire, curieux de savoir s’ils sont contents du montage final (mes hommages à J.K. Simmons).
Je reste quelqu’un de généreux, même dans mes critiques, l’un des seuls véritables intérêts derrière ce flop serait la cinématographie et les lieux de tournage. Les magnifiques paysages enneigés de Norvège sont très beaux et ressortent bien à l’écran, ce qui rend le tout visuellement acceptable. Ça me rappelait presque le sentiment de mystère et les frissons ressentis lors des adaptations cinématographiques de The Girl with the Dragon Tattoo (le premier opus de la série Millénium), tournés en Suède. Sinon, c’est bien triste, mais ce film fait définitivement fausse route. Pas moyen d’en sortir satisfait, quoi!
En salles dès le 20 octobre 2017
Crédit photos: IMDB, Universal Pictures
Un film qui montrait pourtant un vrai potentiel, The Snowman est un désastre incomplet, mal adapté et, dans certains cas, mal joué. Comme le dit si bien Jean-René Duford de Infoman, c'est la réalisation "liquide correcteur" du réalisateur Tomas Alfredson. Les plus grand(e)s acteurs et actrices de l'industrie ont au moins un navet à leur fructueuse carrière, celui-ci est malheureusement celui de Michael Fassbender.