Serge Boucher, natif de Victoriaville, est un auteur et scénariste dont la carrière se fait ascendante. Les thèmes de l’appartenance, de l’identité, des apparences et de la fuite sont courants dans ses oeuvres et irriguent ces dernières, toutes réalistes et à l’image d’un Québec moderne, dont les qualités et défauts sont mis de l’avant. Voici la critique de la mini-série qu’il a scénarisé en 2009, Aveux.C’est l’histoire de Simon, qui passe ses journées à livrer chez de purs inconnus des meubles de toutes sortes. Il vit une petite vie paisible aux côtés de sa femme Brigitte, entouré de sa belle-famille et demeurant dans la jolie Montréal. C’est en cognant à une porte bien particulière que son existence change radicalement, victime d’un doigt appuyé sur une seule sonnette de trop. La porte qu’elle accompagne s’ouvre et permet l’apparition d’Olivier, un fantôme tout droit sorti du passé de Simon. Voilà que les secrets se dévoilent peu à peu, pour laisser place à une histoire familiale enfouie dans les mémoires et cachée des oreilles curieuses. De Montréal à La Tuque, des amis aux amoureux, voilà que bon nombre d’aveux se font peu à peu, obligeant retrouvailles, mais aussi disparitions.
C’est une brochette d’acteurs particulièrement savoureuse qui est ici la membrane de cette mini-série. Se retrouvent dans Aveux la très touchante Danielle Proulx, Guy Nadon, Micheline Bernard, Catherine Proulx-Lemay et, dans le rôle principal, Maxime Denommée. Ils sont plongés dans des rôles tous marqués d’un réalisme singulier, aux caractéristiques précises et ces performances permettent à de nombreuses reprises des moment privilégiés particulièrement savoureux. C’est même, je l’avoue, à faire tirer quelques larmes. Difficile de rester de marbre devant le rôle particulièrement charmeur du pilier Guy Nadon.
Un seul détail a su m’irriter. Maxime Denommée se fait comme l’exige son rôle un être troublé, mais à un niveau tel qu’il m’a semblé parfois être une caricature un peu trop exagérée du Simon qu’il représente. Ses réactions m’ont apparues mal interprétées à certains endroits, ce qui a ralenti au départ mon immersion dans l’univers de la famille Laplante. Par contre, une fois abstraction faite de cet élément qui n’est tout de même pas dramatique, il est difficile de mettre une pause aux épisodes qui défilent devant nos yeux.
Le scénario, quant à lui, est d’une justesse remarquable. L’écriture fait penser à celle de Michel Tremblay, et les intrigues sont révélées dans un ordre particulièrement original et tout à fait captivant. Ces fameux aveux, tous réalistes et déclarés avec fébrilité, offrent à cette série une approche très sensible d’un grand nombre de thèmes toujours tabous. Le tout est bien fignolé, ratissé avec justesse et rassemblé de manière à offrir une expérience télévisuelle qui ne laisse jamais de côté son spectateur.
Ce n’est pas sans raison qu’Aveux s’est vu remettre le prix de la Meilleure réalisation lors du Festival de la fiction TV en 2009, offrant un univers visuel particulièrement intéressant. Plusieurs idées bien exploitées se retrouvent au sein de cette production au suspens élevé et à la capacité de dépendance facile. Une série à découvrir dès maintenant, le temps de 12 épisodes tout aussi délicieux que révélateurs.
La série a été diffusée sur les ondes de Radio-Canada du 8 septembre 2008 au 24 novembre 2009.
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