Qui dit film avec Steve Carrell et Keira Knightley dit aussi succès évident, n’est-ce pas? Eh bien… Non. La personne qui aura dit une telle chose peut bien brûler en enfer devant tant de blasphèmes. Mais rassurez-vous! Ce n’est pas la faute de ces deux visages adorés, mais bien l’utilisation qu’on en fait qui rend Recherche ami pour partager fin du monde chaotique. Laissez-moi vous expliquer.
Suite à l’annonce, sur les ondes d’une radio commerciale, de la fin du monde imminente, rien ne va plus. Des annonces proposant les services d’un assassin couvrent les panneaux publicitaires, les commerces n’offrent plus leurs services et la pop est mise à l’honneur dans le cadre des grandes festivités organisées au nom de la tragédie à venir. C’est dans ce contexte que se retrouve tout à coup Dodge, qui ne sait plus où donner de la tête afin de bien profiter de ses trois dernières semaines d’existence terrestre. Mais c’est aussi dans ce contexte qu’il rencontre Penny, une jeune femme à l’époque un peu rebelle qui tente maintenant de retrouver sa famille. Elle habite le même immeuble que lui mais ils ne s’étaient jamais croisés. . Fin du monde oblige, ils trouvent en l’autre et de manière presque innée, la seule personne qui peut dès lors avoir de l’importance: une personne avec qui partager les terribles jours à venir. Et plus si affinités.
Jusque-là, tout va! Ce n’est pas trop mal quand même comme idée. Mais ce qui est le plus dommage dans ce film, c’est que la fin du monde n’est pas un moteur, mais plutôt un prétexte. Les personnages ne sont pas plus déstabilisés qu’il le faut face au sort qui leur est réservé: on aurait bien pu remplacer l’apocalypse par la fin d’un voyage en Europe tout compris que le propos n’en n’aurait pas été relativement plus différent. Entre vous et moi, ça n’aide pas à rendre la chose particulièrement crédible.
Dans ce même ordre d’idées, le scénario présente une foule d’éléments à la fois trop vite et trop lentement. Comme si le scénariste n’avait pas réussit à mettre le doigt sur un rythme à donner, question de ne pas essouffler et ennuyer le spectateur. Le protagoniste, interprété par Steve Carrell, vit des émotions contradictoires sur lesquelles est mise une grande emphase. Il se rend à des fêtes, reçoit et accueille les témoignages impertinents d’inconnus, ce qui a pour effet de ralentir considérablement le rythme de l’histoire qui met en scène des êtres en mode accéléré, qui cherchent à vivre tout ce qu’ils n’ont pas encore vécu. Et question d’ajouter au ridicule, les dernières scènes se jouent évidemment à la dernière seconde, comme si tout le temps perdu auparavant le rattrapait désormais.
Comme si les scènes inutiles n’étaient pas déjà assez présentes, le duo devient rapidement propriétaire d’un van de camionneur, concentrant alors les actions sur la route mais les entrecoupant de visites toutes plus inutiles les unes que les autres, dans la perspective où le récit tend à se rendre le plus efficacement possible d’un point a au point b. Comme si on avait voulu mélanger Zombieland à Little Miss Sunshine, sans jamais mettre la main sur ce qui rend ces films uniques, et faisant donc de notre principale intéressée une oeuvre banale, sans particularités ni scénario captivant.
Par ailleurs, le plus grand drame de ce film est qu’il met en vedette deux visages fort appréciés de la scène cinématographique, sans pourtant les exploiter à leur plein potentiel, lequel est immense. Carrell et Knightley sont bien présents dans Recherche ami pour partager fin du monde, mais il ne sont pas là. Ils sont les marionnettes manipulées sans vigueur de ce film qui ne leur rend nullement justice. Ils y sont pris pour acquis et c’est tout à fait dommage.
Enfin, le tout aurait pu être excellent. Pourtant, l’impression que nous laisse ce long métrage est celle d’un premier jet. Le scénario aurait mérité un travail d’écriture plus approfondi. L’intention première, fort intéressante, se perd malheureusement parmi de nombreuses actions qui donnent l’impression de boucher des trous. Les personnages perdent leur temps alors qu’il s’effrite devant leurs yeux, bien qu’on ressente tout à fait leur urgence de vivre. Au fond, vaut mieux mourir que de vivre dans un tel fiasco.
Crédit Photos : Les Films Séville
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