Prenez la naïveté et l’humour enfantin d’un Espions en herbe, combinez-le avec une trame de fond digne d’un Clive Barker, l’imagination de Turbo Kid et quelques litres de faux sang : Vous obtiendrez Psycho Goreman, le dernier long-métrage de Steven Kostanski (The Void), un film inclassable, parfait de son imperfection, qui semble avoir été réalisé pour entrer exactement dans la ligne directrice de Fantasia.
Psycho Goreman, c’est cette créature des ténèbres venue des tréfonds de l’espace, dont le seul objectif est d’annihiler toute lumière dans l’ensemble de la galaxie. Il errait de planète en planète depuis toujours, semant la destruction sur son passage, jusqu’à ce que des forces surnaturelles enferment son cœur et l’énergie le contrôlant dans une pierre précieuse… Qui sera retrouvée dans la cour arrière d’une maison de banlieue.
C’est ce qui nous amène à la famille américaine classique qu’on suivra tout au long du film. Mimi (Nita-Josee Hanna), jeune fille passant le plus clair de son temps à énerver son frère Luke (Owen Myre), sous le regard de leurs parents, couple bien normal avec les problématiques habituelles d’un couple bien normal. En fait, rien dans la trame narrative de base de Psycho Goreman ne sera vraiment surprenant, le film se contentant d’accumuler une longue suite de clichés. Mais on ne s’attardera pas longtemps à ces nombreuses facilités scénaristiques, puisqu’on comprendra bien vite le ton absurde que prendra l’intrigue, pleinement consciente de ses failles, les accentuant jusqu’à en créer des forces.
Bien vite, Mimi s’emparera de la pierre qui était enfouie dans son arrière-cour, invoquant par le fait-même cette horrible créature surnaturelle qu’elle nommera elle-même Psycho Goreman. Comprenant bien vite que le démon est sous son contrôle, elle se servira de la pierre pour faire accomplir au monstre ses désirs les plus tordus… Faire tournoyer son frère dans les airs, par exemple.
Le ton de Psycho Goreman oscille constamment entre le film trash, sanglant, qui rappelle Hellraiser par la qualité de ses effets spéciaux presque toujours exécutés au tournage : on reconnaît les maquettes, prothèses et différents effets visuels, mais la technique et l’esthétique rappellera les bons vieux films d’horreur de série B des années 80, et certaines scènes gore fonctionnent complètement. Le mélange entre cette horreur visuelle et la trame narrative globale, beaucoup plus enfantine, est parfois étrange, et on peut se demander à quel public le film s’adresse réellement. Mais après un moment, on accepte la dissociation entre les deux styles, qui crée un environnement absurde très plaisant. Rarement a-t-on eu la chance de voir un monstre transformer un enfant en cerveau géant, avant d’arracher la peau d’un policier qui passera le reste du film à essayer de mettre fin à ses jours. L’imagerie est très adulte, mais les ressorts dramatiques demeurent très simples. On ne se creuse pas la tête, et c’est finalement très bien comme ça.
Il est évidement qu’il ne faut pas sur-analyser le film pour bien l’apprécier, mais certaines séquences surprendront par la critique du genre qu’ils incarnent. Ainsi, certains clichés qui, autrement, auraient fait rouler des yeux, sont tellement bien identifiés et surlignés au scénario qu’on en comprend l’ironie, et Psycho Goreman s’en sort finalement très bien.
L’atmosphère globale du film semble boostée aux stéroïdes, si bien qu’on se surprend à accepter tout ce qui nous est proposé. La direction artistique, l’univers sonore et musical reproduit assez bien cette ambiance nostalgique qui est à la mode depuis Stranger Things. Pourtant, quelques éléments sont tout de même dissonants, comme le jeu de l’actrice principale qui, bien qu’elle soit bourrée de talent et d’une énergie communicative, semble trop vouloir capter l’attention, rendant son personnage souvent irritant. Mais de manière générale, on dose bien l’absurdité, si bien que le film coule bien et demeure plausible, dans son univers.
Malgré l’âge de la majorité de la distribution, Psycho Goreman n’est évidemment pas un film à faire écouter à de jeunes enfants. C’est une bonne initiation à l’horreur, au gore et à un univers monstrueux qu’il peut être sympathique de présenter à un public adolescent, puisqu’il ne présente rien de réellement traumatisant, et que l’intensité du carnage est souvent si grande que le tout en devient pratiquement comique.
En bref, Psycho Goreman est un bon film divertissant qui vous changera les idées, vous remplissant le cœur de créatures des ténèbres, d’enfants qui explosent et d’overacting assumé.
Psycho Goreman est absolument tout ce que son nom indique : Série B, sanglant, éclaté et complètement unique. Les faiblesses du film sont tellement assumés qu'elles en feront finalement ses plus grandes forces.