Attribuer une note qui effleure de très près celle de passage (60%) à un film récent produit par Adam Sandler, c’est d’assumer que, une fois le cerveau débranché, la nostalgie des années 80 et le plaisir de renouer avec l’esprit machiavélique de Pacman, Donkey Kong et autres vilains de jeux vidéo prennent le dessus sur les dialogues bâclés, l’humour puéril et les intrigues archi prévisibles dont l’acteur et humoriste abuse tristement depuis des années.
Le président américain Will Cooper (Kevin James) doit gérer une crise pour le moins singulière : contrer les plans diaboliques d’aliens déclarant la guerre aux humains en envoyant des méchants de jeux vidéo les exterminer. Afin d’aider son escouade fabriquant des armes de technologie de pointe dirigée par le lieutenant Violet Van Patten (Michelle Monaghan), Cooper demande à son meilleur ami Sam Brenner (Adam Sandler), expert en jeux d’arcade, de former une équipe avec d’autres nerds capables d’affronter Centipede, Galaga et Space Invaders.
Les films d’ Happy Madison débutent très souvent de manière similaire et Pixels n’y fait pas exception : un topo sympathique mais traditionnel sur la bande en pleine puberté et des intrigues amoureuses ennuyantes qui multiplient les malaises. Ce qui s’en suit n’est guère plus prometteur. Les blagues et caméos tombent à plat, les péripéties ne contiennent aucun élément de surprise et les personnages secondaires interprétés par Josh Gad et Peter Dinklage irritent avec leurs efforts cabotins et pathétiques de ne pas déclencher les bâillements. La trame narrative enchaine les contradictions en ce qui concerne la chasse aux pixels. Une classe de maternelle aurait pu pondre un scénario plus cohérent et moins paresseux.
Même si certains gags réussissent à provoquer quelques poussées de rire (surtout parce que l’humour à saveur scatologique est moins présent que dans les autres œuvres de Sandler), l’attrait du film de Chris Colombus (Eh oui, réalisateur derrière les deux premiers films d’Harry Potter et Love Actually!) réside uniquement dans les effets spéciaux. Doté d’un budget de 88 millions de dollars, Pixels propose des procédés d’animation hallucinants. Ne comportant aucun temps mort, les scènes d’action représentent fidèlement les jeux auxquelles elles rendent hommages car elles ne loupent aucun détail dans l’exécution des tableaux (l’affichage des points, les caractéristiques spécifiques à chaque jeu). Le 3D est utilisé à bon escient. Lorsqu’un personnage animé explose, les cubes colorés qui composaient son corps virevoltent de manière convaincante aux visages des spectateurs.
Dommage que les acteurs n’ont que des protagonistes clichés et stupides à se mettre sous la dent. Adam Sandler joue encore de façon détachée et sur le pilote automatique, ce qui devient assez insolent et frustrant pour ses fans de la première heure. Michelle Monaghan, bien qu’investie et attachante, ne peut faire des miracles avec cette divorcée faussement rigide. De son côté, Kevin James incarne encore le bourgeois gentilhomme bourru qui ne fait nullement avancer le récit.
La seule raison qui explique pourquoi Pixels mérite un visionnement dans une salle obscure est son emploi judicieux de la technologie 3D. Autrement, à moins que vous soyez avides de la belle époque des arcades, attendez que le film sorte en DVD.
Ce film est à l’affiche depuis le 24 juillet 2015.
Crédits Photos : Sony Pictures