Si vous êtes de ceux qui pensent que les dessins animés sont nécessairement destinés à un public plus jeune, il est grand temps de changer votre avis. Radicalement. Allez dès maintenant dans un club vidéo près de chez vous (ou trouvez un site Internet illégal de bonne qualité, je ne le dirai à personne), dans la section des anime, et mettez la main sur Perfect Blue de Satoshi Kon. Vous ne le regretterez pas.
Le film débute avec la présentation rapide des personnages clés de l’intrigue : Mima, une chanteuse pop (pensez aux Spice Girl du Japon, et vous aurez une image précise de ce dont il retourne), annonce lors d’une prestation qu’il s’agit de sa dernière performance. En effet, l’artiste désire changer son image publique afin de devenir une actrice. Ce ne sera pas sans déplaire à ses fans, en particulier à l’un d’entre eux… Un homme un peu dérangé qui vole l’identité de son idole sur Internet depuis déjà longtemps.
Mais revenons à Mima, qui voit le début de sa carrière d’actrice entachée par une série de meurtres sordides dans son entourage. Curieuse, elle découvrira sa double identité, sur Internet, qui commencera de plus en plus à l’obséder, jusqu’à en créer des hallucinations barbares dignes des plus gros trips de mush. La réalité s’entremêlera avec la fiction alors que Mima, aux prises avec de grands questionnements sur son identité et la place de l’art dans sa vie, devra jongler avec les producteurs qui profitent d’elle, son rôle de meurtrière dans une série télé qui côtoiera de plus en plus la réalité et une obsession vis-à-vis d’un fan qui se fait de plus en plus présent dans sa vie… et dans ses rêves.
Vous comprenez donc que, malgré son allure, Perfect Blue n’est pas un film pour enfants.
L’anime, qui était au départ conçu pour être un film, n’en possède pas moins les grandes qualités : Une réalisation pensée, des plans extrêmement cinématographiques et un scénario ultra-léché. De plus, les possibilités de l’animation étant infinies, le spectateur peut s’attendre à n’importe quoi. De là l’intérêt du dessin animé, qui nécessite un budget minime pour des effets spéciaux tout aussi intéressants que s’il s’agissait d’une œuvre filmée. Bien sur, quelques défauts sont à prévoir, notamment une animation assez moindre (plusieurs scènes ne sont en effet constituées que d’une seule image statique avec une narration, mais bon, ça fait partie du style à ce qu’on dit) ainsi qu’un son qui, on se l’avouera, a très mal vieilli. Bémols plutôt agaçants au départ, mais on s’habitue assez rapidement si on donne la chance au coureur.
Ceux qui voudraient un film léger devront passer leur tour : Malgré un départ plutôt simple au niveau de l’intrigue, Perfect Blue se complexifie vers la fin. Celle-ci est d’ailleurs plutôt nébuleuse. Tout comme dans un bon Lynch, le film nécessiterait plusieurs écoutes pour une compréhension complète. Et, esprits sensibles s’abstenir : Certaines scènes dérangeront les cinéphiles les plus aguerris. Raison de plus pour ne pas laisser cette œuvre tomber entre de trop jeunes mains.
Bref, Perfect Blue est une découverte qui m’a ouvert l’horizon aux anime. N’étant pas un connaisseur en la matière, je ne peux comparer avec justesse le film à ses confrères, mais ceux qui voudront poursuivre l’aventure pourront essayer les autres œuvres de Satoshi Kon, notamment Tokyo Godfathers (2003) ou Paprika (2006).