Ce n’est pas avec le cœur rempli d’espoir que les « méchants critiques » vont voir un film comme Paddington. Non, ce ne sont pas les Garfield, les Smurfs et les Alfred and the Chipmunks de ce monde qui nous auront fait espérer de cette production autre chose que d’abberants gags scatologiques apportant par milliers les soupirs d’un public adulte désespéré. Pourtant, malgré cette bande-annonce n’arrangeant certes pas les choses, va sans dire que nous nous étions prononcés bien trop rapidement sur le cas de cet ourson titulaire friand de marmelade; Paddington, c’est le film familial le plus charmant qu’il nous ait été donné de voir depuis belle lurette.
Lorsqu’un terrible séisme cause la mort de sa famille, un jeune ourson natif de la forêt péruvienne se lance à l’aventure pour retrouver l’explorateur britannique lui ayant jadis fait découvrir l’anglais ainsi que la marmelade. Perdu à Londres, au sein de la gare Paddington, l’animal fera la rencontre de la famille Brown qui acceptera d’héberger celui-ci pendant une courte durée. Ce séjour ne sera pas sans son lot de mésaventures.
Souvent ensevelis sous un tas de référents modernes à la culture populaire, ces icônes de notre enfance (Paddington aura certainement bercer la mienne) en viennent à perdre l’intérêt des fans de la première heure, l’essence même de ce qu’ils avaient jadis inspiré chez nous désormais disparue sous des airs de Katy Perry, Beyonce et autres… Pas avec le film de Paul King, fort heureusement. « Respect » fut probablement le mot d’ordre ici, les textes et illustrations iconiques de Michael Bond ayant bénéficié d’une attention particulière, lorsque fut le temps de récréer ceux-ci méticuleusement sur grand écran. Originalement proposé à Colin Firth, c’est finalement Ben Whishaw qui offre au héro une voix douce et charmante qui complémente à merveille le travail des artisans ayant créé un personnage auquel l’attachement se fait en un rien de temps.
Maladroit sans bon sens, Paddington ne manque pas de se mettre les pieds dans les plats, et ce, pour le plus grand plaisir des plus petits et plus vieux. Généralement constamment comiques, ces situations délicates dans lesquelles se retrouve l’ours ne servent cependant finalement pas à grand chose d’un point de vue narratif. Certes, on ne manque pas de rire un bon coup, mais ce regard (très simpliste, tout de même) que porte le long métrage sur la différence, la famille et la tolérance n’en bénéficie que très peu. Tout de même, pleins de bonnes intentions, les comédiens, particulièrement Hugh Bonneville et Sally Hawkins, touchants dans leur rôle respectif, nous font rapidement oublier ce petit accroc. Quant à elle, Nicole Kidman s’en donne à cœur joie, alors qu’elle incarne cette méchante prête à tout afin de s’emparer de l’animal, et ce, au nom du Musée d’histoire naturelle. Notons également cette magnifique direction artistique qui n’est pas sans rappeler une bande dessinée. Tout à fait dans les cordes.
Quand nous sommes prêts à admettre que « Du producteur de Harry Potter » est peut-être l’une des pires accroches que l’on peut nous offrir, un film où règnent bonnes valeurs au détriment des blagues de premier niveau (cette scène de curage d’oreilles à l’aide de brosses à dents est déjà oublié…), et ce, aussi calamiteuse puisse être sa campagne publicitaire, est peut-être la meilleure chose pour réchauffer le cœur de pierre du « méchant critique. »
Crédits Photos: Les Films Séville