Tous les ans, les nominations des Oscars soulèvent autant l’euphorie que l’indignation. Puisqu’il est impossible de contenter tous les cinéphiles, cela s’avère tout à fait normal. Par contre, la cuvée 2016 suscite particulièrement des réactions passionnées. Pour la deuxième année consécutive, seulement des acteurs de race blanche sont cités dans les catégories d’interprétation.
Ce manque de diversité a poussé un bon nombre de personnalités dont Jada Pinkett Smith, Will Smith, Spike Lee, Michael Moore et Snoop Dogg à annoncer cette semaine sur les réseaux sociaux qu’ils n’assisteront pas au fameux événement télédiffusé sur les ondes d’ABC le 28 février prochain. Même Mark Ruffalo, qui risque de remporter l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour son ahurissante prestation dans Spotlight, songe soutenir ses pairs en ne participant pas à la soirée. À ce sujet, l’actrice britannique Charlotte Rampling, nominée pour la première fois cette année pour son rôle de Kate Mercer dans 45 years, y est allée d’une sortie controversée, et maladroite j’en conviens, en déclarant que le boycott est raciste envers les Blancs. À la suite de ce tourbillon médiatique, Cheryl Boone Isaacs, Présidente de l’Académie, a adopté quatre mesures qui changeront la donne dans le processus des votes dès 2017 (les votants ne seront plus nommés à vie, instauration de critères de renouvellement du mandat des votants, élection de 3 nouveaux board members et modification des critères de sélection des votants). Autre changement majeur, le nombre de femmes qui votent doublera (pour l’instant, les hommes composent majoritairement à 77% le comité décisionnel). Malgré ce nécessaire vent de fraicheur attendu depuis fort longtemps, quelques nuances doivent être apportées.
Une semaine et quelques jours après le dévoilement des nominations, l’Internet continue de s’enflammer sur la suprématie des artistes blancs (et le probable sacre tant espéré de Leonardo Di Caprio, mais on s’égare!). Utilisé à toutes les sauces, le désormais célèbre #OscarsSoWhite renvoie à une situation bien délicate. Oui, un flagrant problème de diversité régit la soirée la plus prestigieuse d’Hollywood. Certes, l’absence d’incroyables performances comme celles d’Idris Elba (Beasts of no nation), Will Smith (Concussion), Mya Taylor (Tangerine) et O’ Shea Jackson Jr (Straight Outta Compton) dans la plupart des galas s’avère déplorable. Par contre, l’idée avancée par plusieurs amateurs et journalistes d’imposer des ‘’quotas de couleurs’’ comporte son lot de désagréments.
À mon humble avis, un acteur, qu’il soit blanc, noir, indien ou asiatique, veut se faire récompenser pour son talent et non parce que des membres d’une académie doit obligatoirement soumettre des candidatures issues de plusieurs races. En plus, au-delà des revendications et des guerres d’ego, il est essentiel de faire des choix. Peu importe l’abondance de performances méritoires, seuls cinq chanceux auront accès aux nominations. Il y aura toujours des oublis navrants et des décisions discutables. Ce sont les limites du jeu. En sachant cela, est-ce qu’il faut néanmoins que les hauts dirigeants de ces cérémonies persistent à améliorer les aspects qu’ils peuvent changer afin de rendre les réjouissances plus équitables? Absolument. En autant qu’ils et le public gardent en tête que le tout ne s’avèrera, hélas, jamais parfait.
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