Réinventer un film de Noël destiné aux adultes qui sera à la fois touchant et vivifiant devient une tâche de plus en plus difficile; tout a déjà été fait sur le plan narratif. Afin de parvenir au même résultat réconfortant qu’un The Family Stone, il faut d’abord que le film évite d’infantiliser son public, et qu’il bénéficie d’un scénario bien ficelé, de personnages attachants et d’une réalisation inspirée, choses que Love the Coopers ne maîtrise aucunement.
Après un interminable générique bien monté mais atrocement cliché, on découvre le patriarche et la matriarche de la famille Cooper, Sam et Charlotte Cooper (John Goodman et Diane Keaton). Ce couple désire réunir pour une dernière fois toute la famille pour un mémorable souper de Noël avant d’annoncer leur séparation. Tel Love Actually, Love the Coopers emprunte dès lors les codes du film choral en retraçant la journée des membres de la famille avant le fatidique réveillon. La galerie de personnages tous plus éculés les uns que les autres se dévoile alors sans grande originalité: une jeune serveuse et le grand-père grincheux entretenant une relation platonique teintées de malaises (Amanda Seyfried et Alan Arkin), la sœur menteuse pathologique qui psychanalyse le policier qui l’a arrêtée pour vol à l’étalage (Marisa Tomei et Anthony Mackie), le fils divorcé à la recherche d’un emploi (Ed Helms) et la fille écrivaine désabusée qui se déniche un faux mari militaire à l’aéroport (Olivia Wilde et Jake Lacy ).
Sans laisser présager un grand chef-d’œuvre, la prémisse promet des interactions sincères et touchantes entre les protagonistes. La réalisatrice Jessie Nelson(Stepmom) propose des procédés stylistiques intéressants pour symboliser les états d’âme des personnages (fantasmes enjolivant une réalité désastreuse, métaphores imagées traduisant la honte et la gêne des premières altercations amoureuses, des versions jeunes des personnages relatant des souvenirs heureux…). Or, le manque de rythme vient tout gâcher. Chaque dialogue sert à expliquer les intrigues. La narration (Steve Martin dans la peau d’un chien, vraiment?!) introduit pratiquement chaque scène, ce qui devient inévitablement lourd et lassant. Love the Coopers aborde des thèmes matures mais leur confère un traitement ludique inapproprié. Donc, le film recherche désespérément un public cible pour n’en satisfaire aucun au final.
Un humour enfantin tombant à plat tente de se glisser à travers les disputes amoureuses et les tensions familiales sans succès. La tante sénile, la petite fille qui profère des obscénités à tout vent, le chien qui liche la nourriture ; tous des stéréotypes qui provoquent à peine l’esquisse de l’esquisse d’un sourire! Lorsqu’arrive enfin le fameux party de Noël, le scénario pend une tournure utopique si ridiculement grotesque qu’il est impossible d’y adhérer. Il est dommage qu’une distribution comprenant Marisa Tomei et John Goodman dans ses rangs gaspille temps et talents avec des personnages autant insipides. Des acteurs qui méritent tellement mieux sont confinés dans de piètres plagiats : Ed Helms incarne encore un pathétique loser sympathique, Diane Keaton joue une névrosée portant une blouse en satin et une jupe fleurie ample, Olivia Wilde campe la belle fille faussement indépendante et Amanda Seyfried la timide blonde que tout le monde apprécie. Pas étonnant alors que les prestations laissent à désirer.
Bref, les histoires mielleuses de la famille Cooper ne vous plongeront aucunement dans l’esprit des Fêtes, même qu’elles vous dissuaderont fort probablement de décorer un sapin et préparer un gargantuesque festin. Faut le faire!
Ce film est à l’affiche depuis le 13 novembre 2015.
Crédits Photos : Les Films Séville