Un des aspects qui m’attire le plus au cœur d’une série télévisée est l’originalité dont elle fait preuve. Un bon scénario sait d’abord me charmer. S’il est en plus soutenu par des performances qui en valent la peine, me voilà avec un sourire aux lèvres. Et si, enfin la réalisation y est sentie et unique, c’est évident que vous me retrouverez au bord de l’extase. Depuis maintenant quelques années, Ryan Murphy sait s’attirer les foules avec ses projets aussi originaux que diversifiés. L’un de ces derniers, Nip\Tuck, est dorénavant l’un de mes chouchous. Incontestablement.
Bien avant qu’il ne se lance dans Glee et American Horror Story, Murphy s’est concentré à un univers fort loin de celui de l’horreur ou de la comédie musicale : celui de la chirurgie plastique. D’un réalisme troublant, tant sur le plan de la narration que sur celui de l’image, cette série sait critiquer, choquer, écœurer, faire pleurer et faire sourire. C’est là un bon combo pour une série de quelques saisons seulement, laquelle se fait pourtant immensément complexe.
Dans Nip\Tuck, il n’y a pas de tabou. Les personnages principaux, Sean, Christian et Julia, forment un triangle amoureux qui oblige un questionnement face à la conception du couple, du mariage et de la famille. Les deux membres masculins de ce trio un peu décousu se concentrent quant à eux à modifier l’apparence corporelle d’un nombre phénoménal de clients, couchant sur leur table d’opération bon nombre de débats toujours d’une actualité brulante. La beauté est le sujet servant de cœur à cette série, lui donnant à la fois raison d’être et raison d’être perturbante.
Dans Nip\Tuck, il n’y a pas de place pour la censure. Les opérations sont faites en gros plan, obligeant le spectateur à assister, indéniablement à chacune d’entre elles et aux processus qu’elles mettent en place. Les effets sont d’un réalisme éprouvant. Les cœurs sensibles doivent savoir s’abstenir, sans quoi ces derniers risquent de leur faire vivre des émotions fortes. Sous le scalpel se déchire la peau, avant d’être remaniée pour s’afficher sous une artificialité nouvelle. Des petites poupées qui saignent et qui aspirent à devenir quelqu’un d’autre : voilà les personnages que rencontrent à chaque épisode les propriétaires de la clinique McNamara & Troy.
L’une des magnifiques forces de cette série, outre les performances de grand talent qu’elle met en place, est sans le moindre doute son scénario. Les intrigues secondaires sont closes à chaque épisode et sont entourées d’intrigues plus importantes, lesquelles irriguent les saisons et mènent les protagonistes à vivre différentes péripéties à la fois troublantes et touchantes. Le tout est magnifiquement bien manié, comme si on l’avait relégué à des mains de chirurgien plasticien.
Nip\Tuck, enfin, c’est ce genre de série dont il est impossible de saisir l’essence si on ne sait s’y attarder. C’est cet objet un peu étrange qui marque en plein cœur, qui nous voit sous notre vrai jour et qui sait soulever des questionnements profonds. C’est bon, liché, d’une beauté presque inaccessible, à l’image même de sa mission première : transformer la laideur en quelque chose d’époustouflant.
C’est cette série qui rafraichit, donne envie de voir 4 épisodes à la suite sans ressentir le moindre remord. C’est un peu une anesthésie avant l’opération : un soudain soulagement qui plonge dans une sorte de rêve.
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