Minari est un film dramatique réalisé par Lee Isaac Chung. Il met en scène une famille américaine d’origine coréenne qui tente de faire sa place parmi le fameux rêve américain. Il utilise les clichés des films américains sans pudeur, tout en les repoussant vigoureusement. Malgré de très belles performances, des moments drôles et une fin très poignante, le film n’a pas su créer l’effet escompté pour ma part.
La famille composée de Jacob (Steven Yeun), Monica (Han Ye-ri), David (Alan Kim) et Anne (Noel Kate Cho) déménage à la campagne, dans l’état de l’Arkansas, afin de bâtir une vie meilleure sur une terre agricole. Après quelques temps, ils remarquent qu’ils auront besoin d’aide et décident d’appeler la grand-mère pour qu’elle déménage de la Corée, tout ça dans un laps de temps assez court. Très isolés du monde, ils sont tout de même l’ami de Paul (Will Patton), un agriculteur unique… Ils tentent de se créer un cercle social et un avenir meilleur en se rendant à une église catholique ou en travaillant comme trieurs de poussins.
Le film met bien en perspective la volonté d’une famille aux racines coréennes d’adopter un mode de vie américain, soit totalement métissé. Le rêve américain de pouvoir faire vivre sa famille de deux enfants en labourant la terre, mais pour faire pousser des légumes coréens: voici un portrait juste et nécessaire. Cependant, je dois dire que le film ne m’a pas réellement touché. Malgré de belles scènes, une finale émouvante et des performances justes et crédibles chez les jeunes enfants et chez les adultes, il manque quelque chose. Il est assez monotone dans son ensemble et les scènes plus émotives ne provoquent pas assez de tension, probablement par manque d’originalité: le père de famille qui doit choisir entre son emploi et sa famille, les chicanes de couple sur l’argent, etc. Le long-métrage est un portrait familial, mais à part la grand-mère et le jeune David, les autres personnages manquent de caractère distinctif. Ils ne sont pas particulièrement uniques et intéressants dans leur quête et dans leur personnalité, contrairement aux personnages dans C.R.A.Z.Y (Jean Marc Vallée) ou dans Shoplifters (Kore-eda Hirokazu). Sur le plan de la direction photo et de la musique, encore une fois, c’est bien mais sans plus.
Sur le plan du scénario, la relation entre la grand-mère et son petit-fils est certainement un des éléments marquants. Repoussant lui-même sa grand-mère en disant qu’elle n’en est pas une, David crée une tension relationnelle qui ajoute de l’intérêt aux relations familiales qui sont autrement assez ordinaires. Non seulement la complicité des deux personnages évolue d’une belle manière, mais elle crée plusieurs moments drôles et originaux. Il suffit de penser à l’apport du Mountain Dew, cette eau des montagnes réconfortante… Le repère « secret » où pousse le minari est aussi un élément intéressant qui ajoute une touche symbolique à l’attachement envers leur pays d’origine. Il permet notamment à la grand-mère de s’ancrer dans un monde avec peu de repères et offre cette lueur d’espoir tout au long du film. Un peu à la manière d’une morale non-dite, le minari montre que notre bagage culturel nous suit peu importe ce qui arrive dans notre vie, parfois loin derrière sur notre terrain et qu’il peut servir de refuge salvateur lorsque la vie emmène son lot d’embûches.
Minari est un joli film qui va certainement toucher certaines personnes. Pour ma part, il m'a semblé peu original, malgré qu'il montre la situation d'immigrants coréens. Les personnages ne sont pas tellement originaux. Mention spéciale à la grand-mère qui vient ajouter beaucoup de joie et de légèreté au film.