C’est la perspective d’un jeune artiste sur son processus de création. C’est l’éternelle remise en question d’un homme par-rapport à son art, mais donc au final à sa place dans le monde. Son réalisateur en donne la définition lui-même dans l’une des répliques du film : «C’est comme une comédie… intelligente». Et au final, c’est exactement ce que sont Les scènes fortuites de Guillaume Lambert. Une réflexion bien amenée, même si on peut avoir l’impression de l’avoir déjà parcourue à plusieurs reprises.
On y suivra Damien Nadeau-Daneau, réalisateur qu’on associe évidemment à Lambert, qui tente tant bien que mal de mettre en scène une œuvre de qualité, qui le représente. Le processus créatif en est un difficile, et on suivra l’entourage et le quotidien du personnage au-travers de sa remise en question. Ce qui en découle sont ces scènes fortuites (bin oui!), décousues de fil blanc, où on ne suivra pas trop d’arc narratif précis, mais plutôt une suite d’émotions amenant au même propos final. Choix judicieux, prometteur, qui laisse davantage place à la folie des acteurs qu’à l’obligation d’être guidés dans une histoire.
Les scènes fortuites de Guillaume Lambert a donc, structurellement, une approche intéressante qui laisse place à la comédie tout en conservant une part de drame, de par le nihilisme et le cynisme de son personnage principal. Mais l’approche et le ton donné par les acteurs, si intéressant, est inégal, et plusieurs scènes comiques manquent de surprise. C’est peut-être que la thématique a déjà été abordée de manière similaire plusieurs fois, mais un point de vue nouveau sur la question aurait été une belle surprise. Au final, le ton général du film, efficace d’un point de vue cinématographique, est supérieur à l’intrigue en elle-même.
Le film de Guillaume Lambert a tout de même plusieurs belles surprises. La forte présence de François Pérusse, non seulement comme narrateur, mais aussi comme cameo pendant une trentaine de secondes, contribue beaucoup à l’univers comicodramatique du film. Les fans de Pérusse auront un sourire au visage durant une scène finale assez efficace. L’apparition très brève de plusieurs comédiens de talent donne à Les Scènes Fortuites plusieurs moments agréables.
Peut-être que mes attentes étaient trop hautes. Peut-être que le terme comédie intelligente m’a fait rêver à du théâtre de Jodorowsky et que j’avais trop hâte de voir le film. Mais au final, Les Scènes Fortuites n’a pas été de la force escomptée. C’est tout à fait bon comme film, cinématographiquement intéressant, il fera décrocher plusieurs sourires de nature plus glorieuse que la majorité des comédies actuelles, mais un sentiment général de déjà-vu et de trop-plein d’associations directes avec le réalisateur m’ont finalement un peu fait décrocher du reste.
Cela dit, quelques jours après son écoute, le premier long métrage de Guillaume Lambert me reste pernicieusement en tête. Signe qu’il vaut la peine d’être vu et réfléchi.
En salle dès le 26 janvier 2018
Quelques scènes du film, drôles et efficaces, suffiront à améliorer un ensemble moins original!