En visionnant la bande-annonce de la relecture 2016 du récit familial Le livre de la jungle, un ami a déclaré que ce film a l’air magique. Effectivement, il ne pouvait pas trouver un qualificatif plus juste pour résumer la proposition de Jon Favreau qui se distingue à bien des égards, autant sur le plan narratif que technique.
Pratique courante donnant constamment des résultats inégaux, la revisite d’un dessin animé est devenu un genre en soi qui comporte son lot de forces et faiblesses. Malgré les millions de dollars qu’elle engendre, cette tendance s’essoufflera et atteindra rapidement sa limite. Cependant, lorsqu’un remake aborde aussi naturellement et intelligemment les thèmes de l’appartenance, de la différence et de la destruction environnementale commise par l’Homme , on ne peut qu’applaudir les efforts de Disney.
Dans les mains d’un réalisateur méticuleux et d’une distribution passionnée, l’oeuvre de Rudyard Kipling possède tout l’espace nécessaire pour installer adéquatement ses sujets et marquer l’imaginaire de son public âgé de 7 à 77 ans (Cliché qui s’applique à merveille à The jungle book puisque ce dernier comblera de multiples générations,). Abandonné dans la forêt lors d’un ravageur incendie qui a coûté la vie à son père, le jeune Mowgli (Neel Sethi) est repêché par la panthère Bagheera (voix de Sir Ben Kingsley) qui demandera à une louve (voix de Lupita Nyong’o) de l’élever comme s’il était sien. Et à la jungle Mowgli appartiendra réellement…jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour prendre conscience de sa véritable nature d’être humain. Craintif que l’aventureux garçon perturbe l’ordre de la jungle, le tigre Shere Khan (voix d’Idris Elba) tentera de l’éliminer. Malgré les réticences du principal intéressé, Bagheera entreprendra un voyage pour ramener Mowgli dans son village d’origine, périple qui, bien évidemment, connaitra son lot d’embûches et de rencontres marquantes, dont celle de l’hilarant ours Baloo (voix de Bill Murray).
Les prodigieux effets spéciaux, si brillamment exécutés qu’ils passent presque inaperçus, créent un univers luxuriant, captivant et réalistement surréaliste (les animaux parlent le même langage que Mowgli et cela semble tout à fait normal!). Les couleurs vives et les textures palpables invitent les spectateurs à s’abandonner entièrement dans ce récit touchant. Si le scénario s’avère un peu mince et répétitif en milieu de parcours, il forme une symbiose irrésistible parfaitement avec l’animation. Les moments inquiétants sont habilement balancés avec des répliques amusantes et deux chansons divertissantes qui alimenteront la fibre nostalgique des cinéphiles plus âgés. Le film ne verse jamais dans une ambiance sombre qui pourrait apeurer dangereusement les petites frimousses, ce qui ne lui empêche point de susciter des cris d’effroi, de jouer judicieusement avec les intrigues mystérieuses et d’offrir des scènes de poursuite absolument haletantes, spécialement celle dans laquelle l’énigmatique présence de Scarlett Johansson en serpent étourdit et enjôle délicieusement.
La vedette montante Neel Sethi relève avec brio un défi colossal. Devant prétendre que les animaux et décors existent à l’intérieur d’un vulgaire écran vert, l’acteur manipule allègrement l’auditoire. Il nous donne accès sans censure à son imaginaire. Il joue avec une authenticité désarmante toute la gamme des émotions. Sethi ne cabotine jamais. Sa folie et naiveté d’enfant sont contagieuses. Même s’il ne donne pas directement la réplique à des comédiens chevronnés, Neel partage une incroyable chimie avec eux. Quel exploit! Sur ce point, le réalisateur Jon Favreau a exécuté une direction d’acteur exemplaire.
Enfin, grâce à un visuel spectaculaire, un rythme dynamique, un scénario actuel et des performances ahurissantes, The jungle book doit impérativement faire partie de votre liste de films familiaux à regarder…que vous ayez des petits Mowgli à vous ou pas!
Ce film est à l’affiche depuis le 15 avril 2016.
Crédits Photos : Disney