“There is nothing noble in being superior to your fellow man; true nobility is being superior to your former self.” – Ernest Hemingway
« Vous aimez les films d’espionnage ? », demande sur le bout de la langue un Samuel L. Jackson mégalomane. « De nos jours, ils m’apparaissent un tantinet trop sérieux à mon goût. », lui répond un très chic Colin Firth, super-agent de Kingsman: The Secret Service. « Donnez-m’en un farfelu n’importe quand! » Il est vrai que le règne de Daniel Craig dans la peau de l’illustre James Bond aura apporté un certain changement au personnage créé il y a maintenant 62 ans par Ian Fleming. C’est à la mode: les héros, il faut maintenant qu’ils soient plus humains, fragiles… “Grounded”, comme on dit.
C’est alors qu’entre en scène Matthew Vaughn proposant à son tour un long métrage où ce sont les Roger Moore, Pierce Brosnan et George Lazenby de ce monde qui sont idolâtrés. The Secret Service, autre adaptation d’une bande-dessinée signée Mark Millar, est un film étonnant mais qui ne révolutionne pas pour autant le genre. C’est convenu: les gadgets, les martinis, les riches industriels voulant conquérir le monde… C’est aussi très efficace, rafraichissant et surtout très drôle. Un amalgame entre la classe de son X-Men: First Class et la désopilance de son Kick-Ass pour offrir ce qui pourrait bien être le meilleur projet du cinéaste à ce jour.
Lorsque l’un de ses espions est mystérieusement abattu, l’agence d’élite Kingsman se doit de dénicher rapidement un remplaçant. Harry Hart, membre de l’organisation, voit en Gary ‘Eggsy’ Unwin, fils d’un collègue tué au cours d’une mission des années plus tôt, le candidat idéal, et ce, malgré ses origines banlieusardes. Alors qu’Eggsy prend part à « l’entretien d’embauche le plus dangereux du monde », Richmond Valentine, génie de la télécommunication, semble préparer un coup des plus machiavéliques…
C’est Colin Firth qui est chargé d’emblée de présenter de façon simpliste les divers enjeux. Acteur de grand talent, c’est le charisme qui semblait lui manquer pour incarner ce gentleman par excellence capable de désamorcer une bombe atomique simplement à l’aide d’un stylo-plume (désolé Colin). Surprise, alors, de découvrir qu’Harry ‘Galahad’ Hart pourrait bien s’avérer le personnage le plus stimulant et mémorable qu’il ait été donné de jouer à cette véritable icône du cinéma britannique. Pas seulement parce que Monsieur sait arborer le complet Dormeuil à 2200$, mais surtout parce qu’il sait montrer son plein potentiel, une fois venues les scènes d’action. Dès lors, il ne faudrait pas manquer de lancer éloges et lauréats à Vaughn qui, grâce à un travail de chorégraphie et une caméra habiles, propose des affrontements semblant tout droit sortis d’un film d’Edgar Wright; une querelle dans un pub et une véritable boucherie prenant place à l’intérieur d’une église du Kentucky ne manqueront pas de faire saliver les amateurs du genre.
On pourra regretter cet humour bas de gamme retrouvé au cours du troisième acte, qui demeure tout de même habilement construit. Parce que l’une des plus grandes forces de Kingsman était de proposer une certaine variation, une satire des conventions du genre, en n’oubliant cependant jamais de fermement enlacer celles-ci, sans pour autant avoir recours aux « blagues clin d’œil ».
Pas la pierre angulaire du film d’espionnage, The Secret Service demeure un vrai plaisir, les artisans derrière cette réussite ayant offert un film convenu, mais par moments franchement imprévisibles; « ce n’est pas ce genre de film. », comme dirait son antagoniste. Une belle petite surprise que l’on prendra plaisir à voir et revoir et qui, finalement, pourrait bien ne devenir que meilleur avec le temps.
Crédits Photos: 20th Century Fox