Wes Anderson est l’un de ces rares cinéastes qui parvient à divertir son public, par ses histoires charmantes et farfelues, ses personnages tous plus captivants les uns que les autres et son style de réalisation à la fois coloré et extrêmement minutieux. C’est ainsi que The Grand Budapest Hotel (2014), son plus grand succès commercial à ce jour, s’est vu remettre le prix de la Meilleure comédie de l’année aux Golden Globes de 2015, et que le réalisateur américain s’est fait connaître par de nombreux cinéphiles dans le monde. Quatre ans plus tard, Wes Anderson nous revient enfin avec Isle of Dogs (2018), son deuxième long-métrage d’animation, une véritable lettre d’amour aux chiens, qui s’illustre certainement parmi ses meilleurs films.
Isle of Dogs raconte l’histoire d’Atari Kobayashi (Koyu Rankin), un pilote de douze ans, qui décide de s’enfuir de chez lui pour partir à la recherche de son chien Spots, six mois après que le vilain maire de Megasaki City, qui se révèle également être son oncle, ait décidé de déporter tous les chiens de la ville sur « Trash Island » en raison d’un dangereux virus canin. Après un atterrissage des plus catastrophiques dans lequel il frôle la mort, le jeune Atari fait la rencontre de Chief, Rex, King, Duke et Boss, une meute de cinq chiens dont le destin semble les avoir condamnés à vivre selon les lois de la jungle. Ces chiens, à qui Bryan Cranston, Edward Norton, Bob Balaban, Jeff Goldblum et Bill Murray prêtent la voix, se lieront rapidement d’amitié avec Atari et tenteront d’aider ce dernier à retrouver Spots, le tout premier chien à avoir été déporté sur Trash Island.
Contrairement à Fantastic Mr. Fox (2009), qui propose une histoire dans laquelle les animaux mènent un rythme de vie semblable à celui des humains, Isle of Dogs nous plonge dans un récit où les chiens de Megasaki City ne sont rien de plus que des chiens, mis à part le fait qu’ils s’expriment tous dans la langue de Shakespeare. En revanche, aucun sous-titrage n’est utilisé quand les nombreux personnages japonais du film discutent entre eux. Cette approche narrative, aussi farfelue qu’elle puisse paraître, peut être perçue par certains comme un geste maladroit de la part du réalisateur américain. D’autres, au contraire, seront justement amusés par cette absence de sous-titres, puisqu’ils se sentiront encore plus immergés dans l’univers du film. Toutefois, le portrait que trace Wes Anderson de la culture japonaise dans Isle of Dogs demeure relativement simple et superficiel, un peu comme celui qu’il avait peint avec The Darjeeling Limited (2007). Ainsi, on doit consentir à l’idée que son plus récent film se veut beaucoup plus un hommage à la culture japonaise, dans tous les sens du terme, qu’une excursion exotique documentée à la lettre.
Chaque fois qu’on regarde un film de Wes Anderson, force est de constater une grande ressemblance esthétique avec ses réalisations précédentes. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de tomber sous leur charme. Dans ce cas-ci, Isle of Dogs ne brise pas la roue. Par contre, on peut certainement s’entendre à dire que son plus récent film est son plus ambitieux jusqu’à ce jour, tant sur le plan narratif que technique. Car bien que l’histoire nous soit racontée en « stop-motion » comme celle de Fantastic Mr. Fox, Isle of Dogs demeure une œuvre beaucoup plus impressionnante. Les décors sont non seulement plus colorés et très variés, mais l’utilisation d’animations en 2D et d’illustrations nous permettent de plonger encore plus facilement dans cet univers entièrement fait à la main. Tout cela, magnifiquement accompagné par l’excellente trame sonore, composée en grande partie par Alexandre Desplat et agrémentée par les percussions de Kaoru Watanabe.
Sur le plan narratif, Isle of Dogs ressemble peut-être aux autres productions de Wes Anderson, par sa manière de nous présenter une aventure relativement inhabituelle, mais il reste que le scénario demeure beaucoup plus imprévisible que ceux des autres films du réalisateur américain. Que ce soit par ses nombreux flashbacks provenant souvent de nulle part et souvent remplis de révélations croustillantes, ou encore par l’ampleur que prend un peu plus tard la quête dangereuse d’Atari et des cinq chiens qui l’accompagnent, Isle of Dogs est certainement le film de Wes Anderson qui donne droit au plus grand nombre de rebondissements.
De plus, si les films du réalisateur américain sont généralement aussi divertissants, c’est grâce à leur distribution impressionnante. En effet, en plus des quelques noms déjà mentionnés, on peut également compter Frances McDormand, Greta Gerwig, Scarlett Johansson, Harvey Keitel, Yoko Ono, Tilda Swinton, Courtney B. Vance et Ken Watanabe parmi la très longue liste d’acteurs qui participent à Isle of Dogs. Bien que quelques personnages auraient mérité à être un peu plus approfondis, il n’en demeure pas moins qu’on ne peut que se laisser attendrir chaque fois qu’on reconnaît les voix de certains de nos acteurs préférés d’Hollywood. L’interprétation de Chief par Bryan Cranston, pour qui Isle of Dogs marque la toute première collaboration avec Wes Anderson, est certainement l’une des plus inspirantes du film. Notamment, par son charisme, mais aussi par sa détermination à se comporter comme chef de meute avec Rex, King, Duke et Boss, alors que ses décisions font rarement l’unanimité.
Au moment où Isle of Dogs se conclut sous nos yeux, lorsqu’on entend les derniers coups de tambours de musiciens faits à la main résonner dans la salle de cinéma, on ne peut ressentir rien d’autre que de l’émerveillement. Car non seulement ce film est le plus ambitieux de Wes Anderson jusqu’ici, mais c’est aussi une œuvre d’animation remarquable qui saura marquer l’imaginaire de tous ceux qui se laisseront emporter par cette histoire absurde, charmante et si touchante. Mené de l’avant par une distribution haute en couleurs, une excellente trame sonore et une réalisation on ne peut plus minutieuse, Isle of Dogs est certainement l’un des meilleurs films que nous offre Wes Anderson jusqu’à ce jour.
Date de sortie: 28 mars 2018
Crédits images: IMDB, Google Images
Si vous aimez les chiens et les histoires inhabituelles de Wes Anderson, vous tomberez immédiatement sous le charme d'Isle of Dogs, le plus récent film du réalisateur, à qui l’on doit les excellents Fantastic Mr. Fox, Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel.