À bien des égards, la plus grande force de Green Room repose en sa prémisse: alors que leur tournée des plus désastreuses tire à sa fin, de jeunes musiciens se retrouvent en plein cauchemars, ceux-ci devant s’engager dans un violent combat face à de radicaux néonazis, suite à la découverte d’un cadavre en coulisses. Simple, élégante et efficace. Très efficace.
C’est tout à l’honneur de Jeremy Saulner, qui en est ici à sa troisième réalisation, d’avoir proposé de tels antagonistes. On ne parle pas ici de fantômes, du diable ou encore d’un tueur arborant un masque de hockey; Darcy Banker et sa bande terrifient de par leur origine, la cambrousse d’Oregon. De vrais monstres forgés par une Amérique moderne en guise de commentaire politique et social? Du tout! Simplement de quoi ne pas réduire la définition de ceux-ci au plus sommaire et pousser leur cruauté encore plus loin (presque à la limite du savoureux…!).
La pièce titulaire, à laquelle on finira par retourner à de nombreuses reprises et étant exploitée avec bonheur, propose un magnifique détournement du récit. L’entrée en matière offrant une superbe montée de tension, le récit se transformera ultimement en un véritable charnier. Presque tel un successeur spirituel au You’re Next d’Adam Wingard où l’urgence de la situation force les personnages à saisir le moment présent. Un peu comme les spectateurs, au fond, qui ne bouderont pas leur plaisir face à l’impulsivité des décisions prises par les protagonistes.
On regrettera donc que la spontanéité du récit se crée au détriment de héros caractérisés avec justesse et vigueur, ce qui a pour effet de rendre la plupart des éviscérations et autres blessures – grotesques, néanmoins – sans grand intérêt. D’autant que la campagne publicitaire s’est déjà assurée de divulgâcher l’issue du massacre à travers ses affiches. Étrange, également, cette petite touche humoristique insufflée en fin de parcours, qui n’a finalement pour effet que d’agacer, le film n’ayant aucunement besoin de dédramatisation.
Ces maigres lacunes ne gâcheront cependant en rien cette lettre d’amour à un cinéma désormais révolu. Dans la lignée des The Texas Chainsaw Massacre ou encore Assault on Precinct 13. À voir à tout prix!
Crédit photos: Les Films Séville