C’est enfin le moment préféré de tous les cinéphiles à Montréal: le festival Fantasia 2018 vient d’être lancé! Offrant du cinéma de genre, du gore, de l’étrange, du manga, bref…il y a absolument de tout. En guise d’ouverture, j’ai eu la chance d’assister à la première américaine d’une coproduction France-Québec avec un costaud budget. En effet, Dans la brume, du cinéaste québécois Daniel Roby (qui nous avait offert Funkytown et Louis Cyr: l’homme le plus fort du monde) qui est partiellement financé par les studios français Chrystal Films et TF1, ouvre le festival avec une saveur de film catastrophe, mais avec une vision d’auteur bien particulière. Imaginez Roland Emmerich (le réalisateur de Independence Day et 2012) qui voyage à Paris et qui aurait suivi quelques cours de cinéma, vous avez un résultat assez comparable. Globalement satisfaisant, avec une distribution du tonnerre, mais parsemé de quelques clichés, vous aurez littéralement envie de retenir votre souffle le 10 août prochain à sa sortie en salles. C’est une sélection intéressante pour un film d’ouverture par son récit catastrophique adapté au grand public. Cependant, il y a une touche cinématographique et une ambiance plus authentiques que la majorité des blockbusters du même genre.
Dans la France que nous connaissons aujourd’hui, un père de famille du nom de Mathieu (Romain Duris, très convaincant) retourne chez lui au centre-ville de Paris après un voyage d’affaires. Il retrouve sa conjointe (dont il est probablement divorcé), Anna (Olga Kurylenko, parlant un français absolument parfait) et sa fille Sarah (Fantine Harduin). Dès notre introduction à la jeune Sarah, nous la découvrons dans une «bulle» de plexiglas qui la protège de l’environnement extérieur et des polluants dans l’air. La pauvre petite souffre d’un syndrome rarissime qui l’oblige à rester confinée dans un environnement clos, avec un système de filtration pour son oxygène. Quelques minutes après le retour de Mathieu, un gros tremblement de terre secoue Paris et une dangereuse brume s’échappe de la sortie du train souterrain, engloutissant ainsi toute la ville. Extrêmement toxique, cette brume tue instantanément toute personne qui la respire. En sécurité en altitude et sur les toits des blocs appartement, Mathieu et Anna devront faire le nécessaire pour assurer leur survie, et plus important encore….garder leur petite Sarah hors de danger. Maintenant qu’un panne de courant immobilise toute la ville, les parents doivent courir contre la montre pour ramener des vivres, des batteries pour la génératrice de la bulle de leur fille et des masques à oxygène….et ce sans jamais respirer une seule bouffée d’air à l’extérieur. En bref, c’est une situation plutôt stressante, vous en conviendrez!
Tout d’abord, il est important de mentionner que ce film a subi deux coupures différentes: une première version destinée au public européen et une seconde version tout récemment dévoilée au public nord-américain. La version que j’ai pu voir en grande première est la version que le réalisateur a toujours voulu faire. Ayant justement eu le privilège d’entendre Daniel Roby et son producteur Christian Larouche commenter le film et livrer des anecdotes de production, j’ai réalisé que l’exécution fut assez impressionnante, ce qui altère légèrement ma perception de l’oeuvre. De manière générale, malgré un environnement géographique un peu trop confiné, son équipe a été en mesure de reproduire des rues typiques de Paris dans un hangar, nous donnant l’illusion d’être en plein centre-ville. Tourné dans plusieurs endroits différents pour reproduire un appartement en altitude en plein coeur de la ville, Dans la brume a été tourné dans plus de quatre endroits différents pour reproduire un seul lieu! C’est quand même assez spectaculaire, moi qui croyais qu’ils ont été en mesure de bloquer des rues de Paris pour le tournage.
Tel que mentionné, le récit est assez conventionnel, nous sommes définitivement dans le registre d’un film catastrophe, mais avec une touche plus authentique en regard à la situation du personnage de Sarah. Parfois tourné dans un environnement brumeux avec un éclairage contrôlé et parfois à l’aide de beaux effets spéciaux avec un grand soleil, c’est un film très bien exécuté pour une coproduction Québec-France. Ce sont 15 millions de $ bien investis qui donnent l’impression d’un film Hollywoodien. En plus des effets spéciaux et du secret du décor, la distribution est l’un des points forts du film. Romain Duris, fidèle à son talent, est si vrai, nous sommes toujours essoufflés et nous avons mal avec lui. Du côté de Olga Kurylenko, je n’en reviens pas, elle parle un français quasi-parfait. Le réalisateur nous a appris qu’elle a vécu en France lors de sa jeunesse. Son jeu est tout aussi vrai et prenant. La petite Fantine nous captive, malgré un répertoire de dialogue plutôt limité (elle répète souvent les mêmes lignes), mais sa situation nous rends curieux. Finalement, ceux-ci ont un plus petit rôle, mais vous serez comme moi très touchés par les personnages des vieux voisins du dessus, Lucien et Colette. Une si belle chimie, ils sont charmants à voir jusqu’à la toute fin.
Une mention particulière à Michel Corriveau et son fils Jérémie, mon bon ami d’enfance, qui ont signé la musique du film. Une excellente trame sonore dramatique, j’aurais voulu en entendre plus. Roby a opté pour une sonorisation costaude qui intensifie la respiration des personnages et le silence mortel de la brume, ce qui est un choix artistique qui nous enferme dans la réalité des personnages.
Somme toute, Dans la brume est une bonne sortie cinéma à prévoir au mois d’août prochain. Si vous avez apprécié les sensations fortes procurées par 28 days later et Cloverfield, vous allez aimer ce film. Nous avons la preuve que le savoir-faire québécois continu de faire des merveilles à l’étranger; nos réalisateurs se démarquent bien, et c’est généralement par leur maîtrise de l’image et de l’ambiance. Ça ne sera certainement pas le film de l’été, mais ça vaut tout de même le détour…surtout pour la finale plutôt originale!
En salles dès le 10 août 2018
Crédit photos: Les Films Séville, IMDB
J'ai l'habitude d'associer les films avec des boissons bien distinctes. Cependant, dans le cas présent, l'elixir qui est en grande demande tout au long du récit est de l'O2. Vous manquerez parfois de souffle pour les personnages, ce qui prouve que le suspense est prenant et bien livré à l'écran. Cliché et un peu insensé à quelques reprises, c'est toutefois assez divertissant.