Le cinéma, par toute sa complexité, sert et partage de nombreux et très variés rôles à l’égard de son public. À l’époque où les Frères Lumière faisaient fureur, le succès de leur cinéma découla nul autre du fait qu’il permis à chaque cinéphile dans l’âme de voyager, en ne bougeant pourtant pas le moindre du monde de leur chez-soi. Un peu de la même manière et tout récemment, un film français a su m’apporter cette sensation d’exil enfantine et sincère que j’aime retrouver ici et là dans des oeuvres qui s’avèrent le plus souvent très surprenantes. Alors que je ne m’y attendais pas, c’est avec un joyeux plaisir qu’Un Monstre à Paris m’aura obligée à m’envoler dans une contrée lointaine mais surtout agréablement imaginaire.
Réalisé en 2011 et tout juste arrivé dans nos boutiques favorites, ce film de Bibo Bergeron présente un univers animé qui diffère de ceux que nous connaissons en Amérique. L’esthétique du film, tout comme la trame narrative, offrent en réalité une rafraîchissante vision du cinéma pour enfants et une nouvelle manière de concevoir son apport à l’écran. De manière assez particulière, l’action prend place dans un Paris des années 10 à la fois très près de la réalité mais aussi tout à fait éloigné de cette dernière, plongeant ce long-métrage dans un univers qui lui est absolument particulier. Par ailleurs, l’histoire, quoique très simple et peu développée du côté des péripéties, est présentée de manière à ce que le spectateur la suive attentivement et s’en imprègne sans hésitation: il s’agit d’une oeuvre modeste mais enrobée affectueusement d’une vive passion.
Les adeptes d’art pictural seront magistralement comblés par l’aspect visuel de ce long-métrage. En effet, Bergeron aura songé cette aventure pendant pratiquement vingt ans, élaborant les aspects qu’il désirait y implanter en s’impliquant toujours dans d’autres projets, dont ceux de DreamWorks Animation. Les personnages, tout comme les décors, sont inspirés de l’impressionnisme, et apportent donc au film un aspect des plus chaleureux et coloré. Par ailleurs, l’oeuvre d’André Franquin, connu pour des oeuvres tel que Spirou et Fantasio, est particulièrement sentie dans le graphisme des personnages, ce qui offre une petite touche de nostalgie à ces derniers et se faisant du coup un subtil mais très senti éloge de la part du réalisateur à l’égard de cet auteur de bandes dessinées.
Très poétique, Un Monstre à Paris fait la présentation de héros assez atypiques et très caractérisés, dont nul autre qu’une puce géante à la voix suave, ce qui, entre vous et moi, n’est pas des plus banal. Les liens entretenus et développés entre ces quelques protagonistes sont maniés, voire chorégraphiés, de sorte à toujours faire sourire et à éviter les plus gros embarras. Quand il est question d’impressionner sa bien-aimée, rares sont les imprudences dans lesquelles un homme n’osera pas se lancer…
Les thèmes abordés dans ce film se rapprochent dangereusement de l’humanisme. On y parle d’équité, d’acceptation, d’amour et de grandes amitiés. Parfois chanté, parfois parlé, le discours tenu au coeur de cette aventure se fait vrai et prône une morale qui saura émouvoir le coeur des petits, mais aussi et sans contredit celui des grands.
Enfin, je me vois dans l’obligation de vous prévenir: Un Monstre à Paris est une oeuvre touchante et sincère, un vol direct pour l’Europe et la chance inouïe de replonger en enfance ou d’y rester, encore un tout petit peu. Vos valises sont prêtes?
http://www.youtube.com/watch?v=moBKCpBE0Uo
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