Le réalisateur Danny Boyle a presque toujours été chéri par la critique depuis son tout premier film Shallow Grave. Amalgamant à merveille une réalisation inventive à un scénario sortant de l’ordinaire tout en étant accessible, l’homme derrière Slumdog Millionaire a toujours su prouver son immense talent. À défaut de paraitre beaucoup plus commerciale que Trainspotting par exemple, son tout nouveau long-métrage Transe mélange le suspense à l’action alors qu’une spécialiste de l’hypnose aide à retrouver un tableau perdu mystérieusement. Le tout s’avère aussi surprenant qu’élégant.
Le film commence comme tout bon film de cambriolage; un visionnement des lieux avec une explication des forces et des failles de sécurité, l’objet précieux en question et puis, l’exécution. Simon est un commissaire-priseur qui s’occupe de la vente aux enchères et de la sécurité de plusieurs tableaux issus du mouvement romantique. Après l’exposition d’une toile de Francisco de Goya (Le Vol des Sorcières), un groupe armé interrompt la vente, et tente de voler ledit tableau des mains de Simon, après l’avoir sauvagement assommé. Le vol est un succès.
Retour au bercail, le cadre y est, mais la toile a disparu. Simon est alors recherché puis torturé pour mettre à terme ce vol ambitieux. Un problème persiste : Simon, qui a reçu un coup à la tête ignore complètement où est la toile. Après l’avoir torturé en vain, les bandits embauchent une spécialiste de l’hypnose dans l’espoir de raviver sa mémoire.
D’apparence simple, le récit se veut heureusement beaucoup plus complexe qu’il le laissait prévoir en déjouant habilement plusieurs de nos attentes. Si quelques revirements paraissent parfois forcés ou prévisibles, le scénario de Joe Ahearne se plait à fausser et à manipuler tout ce que l’on pensait savoir. Dans un mélange habile de suspense et d’action, l’histoire nous tient habilement en haleine jusqu’au générique, et ce depuis la première seconde de Transe. L’utilisation de l’hypnose est aussi pleinement justifiée et efficace, alors que notre cerveau cherche constamment à séparer réalité, mémoire et hypnose. Bien qu’un peu tirer par les cheveux, la fin demeure satisfaisante et surprenante.
Mais c’est l’exécution qui charme le plus. Bien sûr, on aurait voulu voir Danny Boyle osé davantage, sa réalisation est souvent très tape-à-l’œil, mais on aurait pu attendre davantage de démesure de la part du réalisateur de Trainspotting. Toute fois, ses plans sont souvent d’une beauté remarquable, la direction photo est éclatante et stylisée et le montage est rythmé et juste. Les scènes d’action sont aussi prenantes que le récit, même s’il ne s’agit pas de grandes poursuites ou de fusillades à grande échelle. C’est grâce au montage et à la réalisation constamment frénétique qui permet au film de bénéficier de ce sentiment d’urgence et de cette exaltation propre au meilleur suspense d’action. C’est légèrement trop dans les règles de l’art, mais c’est hautement efficace.
La direction d’acteur de Boyle et le choix du casting sont aussi fort impressionnants. James McAvoy est parfait dans le rôle de Simon, torturé et instable à souhait alors que son cerveau est mis à rude épreuve par la ravissante Rosario Dawson, qui interprète avec assurance cette mystérieuse spécialiste de l’hypnose. Son jeu est magnifiquement nuancé, comme son personnage, malgré une scène légèrement absurde où ses attributs sont dévoilés au grand jour (merci à de Goya!). Vincent Cassel est presque sans surprise, talentueux et charismatique comme à l’habitude, peu importe le rôle, jouant avec aplomb et réalisme ce criminel prêt à tout.
Des longs-métrages comme Transe; un suspense élégant au scénario intelligent porté par une distribution étincelante, le tout vu sous la lentille d’un grand réalisateur, on en prendrait une tonne par année. Le meilleur de Danny Boyle? « No piece of art is worth a human life ». Pourtant on meurt d’envie de revoir Transe.
Crédit Photo : Facebook Trance le Film
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