Serait-il possible de reconstituer une dictature en Allemagne? Est-ce que la population, après le régime nazi et toute l’humiliation qui en a découlé, peut se permettre de commettre les mêmes erreurs? C’est à cette question que le film The Wave tente de répondre. Attention, s’aventurer dans ce débat peut s’avérer plus dangereux qu’il ne le paraît, et traiter de fascisme en Allemagne est très risqué.
C’est donc avec pincettes que le réalisateur Dennis Gansel a tourné The Wave. L’histoire, qui se déroule en une semaine seulement, se déroule dans un collège où les élèves peuvent déroger de leurs habitudes pendant la semaine des projets spéciaux.
C’est donc pendant ce laps de temps que le professeur Rainer Wenger (Jürgen Vogel) décidera d’enseigner un régime politique à ses élèves. Malheureusement, son sujet de prédilection (l’anarchie) étant déjà prise par un autre enseignant, Rainer se contentera du sujet assez complexe qu’est l’autocratie (lorsque le pouvoir est contrôlé par une personne ou un groupe d’individus).
Les élèves qui, au début de la semaine, se montrent très fermés à ce courant politique leur rappelant que trop Hitler, développeront un intérêt pour le pouvoir et le prestige apporté par ces notions. En effet, afin de leur enseigner plus facilement la matière, Reiner décide de fonder son propre régime autocrate qu’il nomme The Wave et qui est constitué de tous les élèves de la classe. Cri de ralliement, uniforme, tout y est.
Malheureusement, tout vire de travers lorsque les élèves commencent à abuser de ce pouvoir qui leur est conféré. Chaque jour de la semaine entrainera une perte de contrôle de plus en plus grande de Rainer, qui verra les évènements le dépasser complètement, jusqu’à la barbarerie totale. Plus en dire serait trop en dire, mais disons simplement que l’Histoire n’est qu’un cycle, et les élèves en vivront l’expérience.
Pour apprécier The Wave à sa juste valeur, il est nécessaire d’avoir des bonnes connaissances à propos du régime nazi et de ses impacts. Si ce n’est pas le cas pour vous, il est fortement recommandé de s’informer d’abord afin de comprendre toutes les subtilités du film. Et si la politique n’est pas un sujet qui vous intéresse, ne fuyez pas! Vous apprécierez quand même le film.
En effet, The Wave n’est pas qu’une critique (ou un éloge) adressée à ce cher Hitler. Au cours de cette longue semaine que dure le film, des amitiés se briseront, des liens se formeront, et ce, en-dehors des salles de classe. The Wave n’est donc pas un documentaire sur la politique nazie. C’est aussi un bijou de scénarisation avec des personnages caractérisés à merveille par leurs comportements face à la politique. De l’art en barre.
Ce qui fait la puissance de The Wave est son ascension dramatique très marquée. En effet, chaque jour de la semaine est légèrement plus intense que le précédent, jusqu’à une apothéose totalement imprévue où la tension est à son comble. Il est vrai que tous les évènements du film n’auraient vraisemblablement pas pu se produire en une seule semaine, mais dans le cadre d’un film, on pardonne très facilement cette petite erreur de parcours.
La distribution de The Wave est exceptionnelle. Bien sur, le fait de rencontrer de nouveaux visages contribue à rendre les acteurs encore plus surprenants. Toujours est il que les acteurs ont un jeu vrai, sans trop aller dans le stéréotype et le cliché. Une distribution majoritairement constituée d’enfants ou de jeunes adultes peut être plus complexe à diriger, mais le travail a été bien fait.
Bref, The Wave est un film, un constat assez bouleversant sur l’Allemagne contemporaine. Sur le fait que, oui, on peut répéter les erreurs passées. Les pires, même. Le film n’est malheureusement pas toujours vraisemblable, mais la tension suscitée par les évènements qui s’y déroulent et la qualité du scénario et des acteurs vous feront revivre le pire des cauchemars : la naissance d’un régime politique à l’échelle d’une salle de classe.
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