Le racisme est un sujet qui a été abordé maintes fois au cinéma. Nous avons qu’à penser aux films Crash et The help, qui sont sortis dans ce présent siècle. Avec The Butler, film s’étirant sur une période de 82 années (1926-2008), le réalisateur Lee Daniels traite à son tour de l’injuste lutte que les gens de couleur ont dû-et doivent toujours- mener afin de jouir d’une liberté dénuée de tous préjugés. Pour ce faire, Daniels a choisi de mettre en image l’histoire vraie de Cecil Gaines, un majordome Noir ayant servi plus de huit présidents américains à la Maison-Blanche.
L’emploi de Cecil (Forest Whitaker) ne fait pas l’unanimité auprès de sa communauté, à commencer par sa famille. Louis (David Oyelowo), l’aîné de trois frères, se rebelle contre toutes formes d’autorité et refuse d’être au service des Blancs d’une quelconque manière. Sa femme, Gloria (Oprah Winfrey), consciente que son train de vie ne serait pas aussi respectable sans le boulot de son mari, tolère malgré tout assez difficilement les nombreuses absences de Cecil et sombre peu à peu dans l’alcoolisme.
The Butler possède tous les éléments pour faire un malheur lors de la prochaine cérémonie des Oscars : un sujet dramatique béton, un réalisateur ayant été nommé précédemment(Precious) et une distribution réunissant de très gros noms (Robin Williams, Alan Rickman, Oprah Winfrey…). Or, il ne réussit pas à se démarquer des autres films vulgarisant le même sujet. Le spectateur n’apprendra probablement pas de nouvelles notions historiques. La réalisation axée sur la morale, le sensationnalisme et l’excès de patriotisme ne fait que renforcer l’impression de déjà-vu. Le film emprunte des trajectoires hautement clichées et convenues que même l’Académie ne trouvera pas intéressantes et dignes de mention. Même si Lee Daniel’s The Butler se laisse regarder avec un certain intérêt, il lui manque un je-ne-sais-quoi d’accrocheur et d’innovateur pour se propulser au rang de chef-d’œuvre.
Les vidéos d’archives ponctuant le film sont très bien intégrées à la trame narrative. Heureusement, puisque celle-ci s’avère bien mince. Étrangement, le récit ne progresse pas, ce qui affecte grandement son rythme. Plusieurs scènes tournent en rond et deviennent rapidement répétitives. Un nouveau président fait son entrée à la Maison-Blanche. Louis retourne en prison. Gloria se bat avec ses démons intérieurs. Et on recommence! Ce choix narratif très discutable fait questionner le spectateur quant à la pertinence de raconter l’histoire de la famille Gaines, qui pourrait alors être facilement considérée comme un vulgaire prétexte à la production d’un énième film relatant le triste sort du peuple Noir.
Pendant plus de deux heures, le spectateur est témoin d’une succession de personnages historiques marquants. Le choix du casting est audacieux et judicieux. Il est très rafraichissant de voir des acteurs doués incarner des contre-emplois (James Marsden qui campe John F. Kennedy, John Cusack dans le rôle de Richard Nixon). Cependant, leurs apparitions sont trop courtes pour être gravées dans les annales.
Dans le rôle du fameux majordome, Forest Whitaker, toujours excellent, offre une performance sobre et nuancé. Ceci étant dit, c’est Oprah Winfrey qui vole la vedette. Même si ce n’est pas ses premières armes au cinéma (nomination aux Oscars pour le film The color purple), l’une des femmes les plus célèbres et riches au monde propose ici une étonnante prestation alliant brillamment humour, vérité, tendresse et désespoir. Une seconde nomination aux Oscars s’impose.
Au final, The Butler, quoique divertissant, aurait pu être encore plus grandiose. Le public risque de rester sur sa faim. Les performances inspirées d’acteurs connus et appréciés sauvent toutefois la mise.
Le film est à l’affiche en version originale anglaise depuis le 16 août 2013.
Crédit Photos : Les Films Séville
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