Il peut être très difficile de transposer à l’écran un roman mythique qui a marqué bon nombre de gens à travers les années sans recevoir les critiques des admirateurs déçus, voire choqués, de retrouver des discordances avec leur vision des personnages et du récit. Tel a été le cas de la récente adaptation du célèbre roman de Jack Kerouac, On the Road, qui s’est attiré le blâme de ne pas avoir respecter l’esprit de l’auteur aussi éclaté que tourmenté. Il arrive bien souvent que le roman demeure meilleur que le film. Mais, si comme moi, vous n’avez pas lu ce livre, vous risquez de tomber sur une agréable surprise en allant voir Sur la Route.
Il faut dire que le roman ait été écrit d’un seul jet dans cette aire Beat Generation, mouvement initié par Jack Kerouac, à l’aurore des années 50 alors que l’auteur lui-même se remémorait sa folle jeunesse. Le film raconte donc, de manière presque autobiographique, l’histoire de Sal Paradise, cet aspirant écrivain d’origine canadienne-française qui croit que le voyage est le seul remède pour écrire le meilleur livre possible. Plusieurs personnages plus inspirants les uns que les autres croiseront bien sûr sa route à fond et à travers des États-Unis. Le projet fut donné à Walter Salles (The Motorcycle Diaries), réalisateur spécialiste du road-movie. L’attente des cinéphiles et des amateurs de littérature était donc extrêmement haute. Et l’on comprend un peu leur déception.
Malgré cette histoire subversive presque sans attache où la drogue, les beuveries et la libération sexuelle se rencontre sur fond de Jazz Be Bop, le long-métrage et la réalisation se veut extrêmement conventionnelle. Une mise en scène beaucoup plus proche de l’esprit de Kerouac aurait surement été souhaitée. Sommes toute, pour les non-initiés au célèbre auteur, le résultat se veut très divertissant et les acteurs sont plus que surprenant.
Sal Paradise est interprété de manière surtout narrative en début, mais solide en fin de parcours par ce jeune premier, Sam Riley (Control). Les deux grandes surprises sont cependant ses deux principaux acolytes qu’il rencontre au début de son long parcours. Garrett Hedlund (Tron) est fascinant et intense dans ce rôle de tombeur invétéré qui cherche son chemin de vie et quelques jolies femmes (et jolis hommes) à se mettre sous la dent. Kristen Stewart (Twilight) est quant à elle parfaite (Oui!) dans le rôle de Marylou, cette jeune et fougueuse fille qui va où la route et les gars la mènent. Les acteurs Viggo Mortensen et Kristen Dunst viennent aussi mettre leurs mains à la pâte, mais les oreilles québécoises seront surtout attentives à la voix de l’actrice Marie-Ginette Guay qui joue le rôle de la mère de Sal Paradise. Ayant été tournée en partie à Montréal, on peut toute fois dire que les racines québécoises de Jack Kerouac ont été respectées.
Les conventions du road-movie sont aussi respectées. De magnifiques plans larges de paysages en mouvement et de savoureux passages en voitures bercés par la musique jazz viennent gâter tout amateur du genre. L’époque du récit est aussi bien transposée dans le film à l’aide de cette Amérique et de ses lieux et décors brillamment métamorphosés où les voitures d’époque et les magasins généraux abondent. Les décors et les villes choisis sont variés et le Mexique chaud et déjanté sert même de destination à ses jeunes voyageurs à l’esprit libre.
Le récit se veut avant tout la chronique d’une vie débauchée et excitante que Jack Kerouac a lui-même (sûrement) vécue. Les voyages qui forgent la jeunesse, l’alcool, la drogue, la liberté sexuelle et toutes les conséquences qu’elles apportent sont au coeur de cette fable aussi inspirante que festive. Presque autant que le roman chez certains, le long-métrage de W. Salles a certainement éveillé en moi cette fureur de vivre et ce goût de parcourir le monde à la recherche de rencontres et d’aventures exaltantes. Si ce n’est déjà fait, on risque alors de se rencontrer sur la route.
Crédit photos : Alliance Vivafilm
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