Beecham House est un domaine champêtre de la campagne anglaise où se recueillent au terme de leur vie de nombreux musiciens à la retraite. La maison, chaque année, organise un gala en l’honneur de Giuseppe Verdi lors duquel des fonds sont amassés pour assurer la survie de l’endroit. L’année s’étant faite particulièrement redoutable, il faut que l’évènement soit une réussite, sans quoi une clef risque de se tourner dans la porte de cet havre de paix. La fin décide de se présenter quand Jean Horton décide de le faire à sa place. Les visages s’illuminent: en des temps plus jeunes, elle était une grande star de l’opéra britannique et sa venue sur scène saura sauver Beecham House. Il n’y a que Reginald, reclus, qui affiche une sombre mine. Jean est associée à de graves souvenirs desquels il espérait pour toujours s’être éloigné. Voilà que cette femme fatale est de nouveau devant lui, aussi flamboyante qu’elle l’était auparavant. Un seul détail a pourtant changé: la grande Horton s’est promise de ne plus jamais chanter. Des amis perdus et désormais retrouvés deviennent les personnages principaux de cette histoire où il faut faire preuve de courage et de retrouvailles, et où s’épauler devient le meilleur des échappatoires.
Le film, et ce, dans son entièreté, est composé autour d’une seule et unique idéologie: celle du respect. Il émane du Quatuor un profond respect envers les musiciens qui se font ses personnages, mais aussi envers ce qui leur donne, dans ce cadre, une raison d’être: le cinéma lui-même. D’ailleurs, chaque membre âgé du Beecham House, et ça ajoute considérablement au charme de l’oeuvre, est un véritable musicien britannique qui s’est démarqué sur les planches de ses scènes alors que les carrières d’antan battaient leur plein. L’ambiance s’en fait tout de suite ressentie, s’éloignant de la fiction et rassemblant véritablement plusieurs anciens collègues et amis séparés par les chemins obligés de la vie.
Les quatre principaux personnages, ceux qui, vous l’aurez compris, forment le fameux quatuor, sont tous mieux ficelés les uns que les autres. Ils sont travaillés, muris et interprétés avec intelligence. De grands acteurs britanniques offrent aux interprètes du Rigoletto de Verdi leurs corps, et se démènent avec plaisir pour leur donner la chance d’être de nouveau. Maggie Smith est sublime et en pleine maitrise de cet art à sa merci. Elle possède le film, l’oblige à être sien. Elle est reine, de son talent tout comme du septième art lui-même.
Cet univers est composé de nombreux plans, qui sont ceux d’une main habile et d’un oeil prometteur. Plusieurs aspects plus techniques, du mouvement de caméra au cadre dans le cadre viennent offrir à ce long métrage ce que plusieurs autres ne possèdent pas: une âme.
Les murs de la résidence sont peints d’une ambiance chaleureuse. La musique est partout et illumine sans jamais en oublier un seul les visages doucement ridés de souvenirs et d’histoires. Les cuivres, les cordes et les notes sont un personnage entier, vivant, qui camoufle un peu la maladie et rend plus jeunes les regards reconnaissants.
Le Quatuor est un film de paillettes, d’argent et de velours noire. Et d’amour, aussi.
«Pour prendre de l’âge, il faut du courage.»
Crédit Photos : Alliance Vivafilm
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