On a très souvent tendance à croire que, pour faire un bon film, il faut impérativement avoir une histoire extrêmement originale, des personnages hors du commun et une intrigue bouleversante. Pourtant, afin de réaliser un bijou cinématographique, il ne suffit souvent que d’une seule chose : la passion du réalisateur. C’est ce que Wes Anderson démontre dans son film Moonrise Kingdom. La production, si elle ne ressort pas du lot par son originalité ni par son intrigue, sera à coup sur un succès, ne serait-ce que grâce à la grande connaissance du cinéma qui s’en dégage.
L’intrigue du film est des plus simples. Sam (Jared Gilman), Un jeune boy-scout, tombe amoureux de la jeune Suzy (Kara Hayward). Les deux enfants, tous deux issus de milieux très stricts et fortement axés sur la discipline (Sam doit suivre les ordres du chef de son détachement de scouts (Edward Norton), et Suzy est sous le joug de ses parents avocats, tous deux très autoritaires), prendront un malin plaisir à s’évader de leur prison pour se retrouver au milieu de l’ile où ils co-habitent.
Par la suite, c’est à une véritable idylle amoureuse que s’adonneront les deux protagonistes. Tous deux en bas âge, issus de milieux forts différents, ils apprendront à découvrir la vie ensemble… Malgré la constante menace que représentent la famille et le groupe de scouts, qui parcourent l’ile sans relâche pour les retrouver. Le spectateur aura donc droit à une intrigue alliant le romantisme d’un Roméo et Juliette et la naïveté de La guerre des tuques. Le tout sous la tutelle de Wes Anderson.
La signature du réalisateur est d’ailleurs très présente dans le film. En effet, dès le début du film, on nous présente les principaux personnages (ainsi qu’une multitude d’autres) à l’aide de longs plans séquences, une grande force d’Anderson. Avec sa caméra, il fait entrer le spectateur dans la demeure de Sam et de Suzy, et le fourmillement créé par la famille et les scouts donnent réellement l’impression d’être parmi eux. Un effet réussi et toujours apprécié.
Le film n’a pas une belle qualité visuelle qu’au début. En effet, jusqu’à la fin de la production, Anderson y va de sa douce folie en osant des plans de caméras et des procédés dont je ne vous révèle pas la nature, question de vous tenir en haleine. Notons tout de même la présence d’un narrateur sous la forme d’un sympathique vieillard visiblement mal-à-l’aise qui nous raconte son récit sans trop savoir comment s’y prendre.
La présence de ce personnage comme narrateur est un très bon exemple du charme de Moonrise Kingdom. En effet, on passe d’une scène de combat assez intense à un vieil homme qui a de la difficulté à regarder la caméra pour nous raconter ce qu’il a à dire. Tout à fait charmant.
Maintenant, est-ce que l’intrigue en vaut la peine? En fait, je répondrais à cette question qu’il ne faut pas regarder Moonrise Kingdom pour en soutirer une histoire inoubliable. Oui, le produit final est très bien, mais il faut avouer que la fin ne surprendra personne, et que l’intrigue est tout de même prévisible. Mais Anderson vous réserve quand même quelques surprises sous la forme d’évènements pas très réalistes, mais tout de même magiques. On se prend à croire à l’impossible, car l’univers de ce film est lui-même surréaliste. Donc, en ayant un esprit ouvert, l’histoire s’ouvre à nous, et on y plongera avec plaisir.
L’un des personnages moins présents dans le film, mais que je ne pourrais me permettre de ne pas présenter est le Capitaine Sharp, interprété par Bruce Willis. Le personnage en lui-même n’est pas exceptionnel, mais le seul fait de voir Willis dans un rôle d’homme désorienté, gaffeur et amoureux est tout à fait charmant. On est loin de Die Hard. Je n’en révèle pas plus à son sujet, mais je vous invite tout de même à y porter une attention particulière.
Moonrise Kingdom est donc une ode à la découverte, qu’elle soit physique ou spirituelle, que fera un couple d’enfants dans un monde où les adultes ont pris une place trop dictatoriale. Le tout, parsemé d’éléments magiques à la Wes Anderson. Malgré un scénario quelque peu prévisible et un jeu parfois douteux des enfants (laissons-leur une chance, c’est tout de même leur premier film!), Moonrise Kingdom est une œuvre que je vous invite à découvrir! Car, comme le dirait l’un des personnages du film :
«Les poèmes n’ont pas toujours à rimer ; ils doivent seulement être créatifs.»
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