Mélangez l’humour noir et les dialogues des frères Coens à la satire violente de Tarantino, saupoudrez s’y sept personnages aussi caricaturaux qu’attachants et servez-le sur une mise en abyme digne d’Adaptation de Spike Jonze. Si vous êtes bon avec la cuisine comme l’est le réalisateur Martin McDonagh, vous risquez de mijoter une comédie noire des plus savoureuses!
Comme le mentionne le titre, Seven Psychopaths de Martin McDonagh (In Bruges et l’excellent court-métrage Six Shooter) met en scène sept personnages un brin déphasés et un brin violents. Le premier et non le moindre est Marty (Colin Farrell), un scénariste alcoolo en panne d’inspiration qui cherche sept déséquilibrés pour son prochain film. N’ayant inventé finalement que le titre (7 Psychopaths), Marty se servira de ses amis et de son entourage comme source d’inspiration. Croyant faire un bon coup d’argent, ses meilleurs amis, Billy (Sam Rockwell) et Hans (Christopher Walken), ont de surcroît la mauvaise idée d’enlever le chien favori de Charlie, un caïd de la pègre (Woody Harrelson). La réalité dépasse la fiction, et Marty se retrouve compromis malgré lui dans l’affaire.
Mêlant habilement le film de gangsters, le western et le road movie, le scénario de Martin McDonagh charme prime à bord par ses personnages hauts en couleur. Si le personnage de Marty demeure le plus normal de la bande (parce qu’inspiré du réalisateur lui-même), les plus dérangés d’entre eux demeurent les plus irrésistibles. Offrant sa meilleure performance depuis très longtemps, Christopher Walken est parfait dans ce rôle de tueur pacifiste et impénétrable. Sam Rockwell est épatant et Woody Harrelson est toujours aussi mordant et délectable dans ce rôle de tueur au cœur tendre qui fait souvent penser à Tallahassee dans Zombieland. Cependant, les deux psychopathes qui se démarquent le plus du lot sont sans aucun doute ce prêtre vietnamien (Long Nguyen) et ce cher Tom Waits, inimitable en tueur en série de tueurs en série. Bien que très secondaires, ces deux personnages offrent les deux meilleures séquences du film.
D’autre part, le scénario se plait à développer un parallèle souvent ambigu entre la fiction et la réalité. Le présent, le passé, au scénario de Marty et à l’imagination des autres personnages, tout y est confondu pour le plus grand plaisir du spectateur. La mise en abyme par le personnage du scénariste qui s’amuse des procédés de création en intégrant la réalité à son scénario, et vice et versa, amène aussi une fraicheur franchement bienvenue dans ce type de film souvent très léger. Martin McDonagh s’amuse aussi à truffer son récit de clins d’oeil savoureux aux psychopathes de la vraie vie comme du septième art. De Patricia Hearst à Travis Bickle.
L’intrigue demeure intéressante jusqu’à la toute fin et les dialogues mordants et savoureux ponctuent habilement ce récit aussi audacieux que divertissant. Malheureusement, la fin se veut beaucoup moins satisfaisante que l’on aurait souhaité. Lorsque l’on compare avec l’originalité et l’audace de son scénario, la séquence finale déçoit immanquablement par sa prévisibilité et par son dénouement trop conventionnel. Tellement qu’elle en devient malencontreusement lassante malgré la profusion de balles et d’explosions.
Au final, on en ressort assez surpris, très agréablement même. Pas sans quelques petits défauts et dans plusieurs styles empruntés, mais maitrisés, le deuxième long-métrage de Martin McDonagh conquit le cœur de ceux qui attendent impatiemment le prochain Tarantino ou le prochain des frères Coens. Doté d’une distribution des plus élégantes et d’un scénario simple, mais audacieux, Seven Psychopaths se veut une comédie aussi désopilante que sadique. Et tel Hannibal Lecter, on s’en délecte!
http://www.youtube.com/watch?v=X6Y48UMeULI
Crédit Photo : Alliance Vivafilm
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