Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Et parfois, l’écriture, en plus d’être un exutoire, renferme de lourds secrets. C’est ce que découvrira le protagoniste principal du film L’Écrivain fantôme, une réalisation de Roman Polanksi adaptée du roman éponyme de Robert Harris.
Dans le film, le personnage principal (joué de main de maître par Ewan McGregor) est engagé par l’ex-Premier ministre britannique Adam Lang (Pierce Brosnan) afin de compléter ses mémoires. En effet, celui à qui incombait cette tâche a été retrouvé mort sur la grève. Suicide? Meurtre? Au départ, l’écrivain n’en a aucune idée. Pourtant, en parcourant les écrits se rapportant à la vie d’Adam Lang, il se rend compte que la vie de l’ancien Premier ministre est pleine de secrets. Il enquêtera donc secrètement sur la vraie histoire de son employeur, ce qui fera ressortir des secrets du passé qui aurait peut-être dû rester cachés…
L’Écrivain fantôme possède un scénario de béton. Il est vrai qu’adapter celui-ci d’une œuvre déjà existante facilite la tâche du scénariste, d’autant plus que ce dernier n’est nul autre que Robert Harris lui-même. On reconnaît donc la grande force littéraire de l’écrivain tout au long du film. Celui-ci est puissant, et, s’il manque parfois de développement dans les motivations des personnages, ceux-ci sont extrêmement crédibles et il est aisé de se laisser happer par l’intrigue.
La réalisation de Polanski est parfaite. Tout comme dans ses autres films à succès (Le bébé de Rosemary, Le pianiste, Le Locataire pour n’en nommer que quelques uns), le spectateur suit uniquement la vie du personnage principal ; Nous en savons autant que le protagoniste, et ce, du début à la fin du film. Il n’y a aucune scène dans laquelle McGregor est absent. Ceci nous permet de nous attacher davantage au personnage, et renforce l’impression d’étouffement qu’il vit.
Et de l’étouffement, il y en a! En effet, le protagoniste est forcé de travailler dans la résidence d’Adam Lang, qui est verrouillée à toute heure du jour afin d’assurer la sécurité de l’homme politique. Bien vite, le sentiment d’oppression se fait bien sentir. L’Écrivain fantôme est donc un huis clos dans lequel tous les personnages ont une énorme importance sur le déroulement de l’intrigue.
D’ailleurs les personnages sont tous crédibles. Que ce soit dans la curiosité de l’écrivain, l’arrogance d’Adam Lang ou dans toutes les autres caractéristiques des personnages, ceux-ci sont toujours crédibles. Le film a d’ailleurs remporté une trentaine de prix prestigieux, notamment pour la meilleure réalisation, le meilleur acteur de soutien (Pour Pierce Brosnan qui quitte à merveille son rôle de Bond, James Bond), ou la meilleure bande sonore.
La musique du film est excellente. Sans jamais être trop présente, elle est néanmoins juste assez subtile pour nous bercer dans les nœuds de l’intrigue. Mais la grande force du film est sa direction photo. La grande majorité des plans sont exquis et nous rappellent bien l’ambiance d’une petite île côtière. Le personnage est entouré de vide, et celui-ci est très bien représenté dans les divers plans.
Maintenant, rien n’est parfait. Le film aurait pu bénéficier d’un plus grand développement. Je pense entres autres à la fin qui, même si elle est efficace et très bien ficelée, nous laisse un peu sur notre faim. On aurait aimé en avoir davantage, mais nous devrons nous contenter du morceau que l’on a.
Et j’espère que vous avez faim, parce que le morceau, il est gros.
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