Le cinéma québécois a accumulé son lot de chefs d’œuvre parmi les années. Parmi eux, des grands films comme Les invasions barbares, C.R.A.Z.Y ou Le déclin de l’empire américain ont su marquer les foules. Et, avec les années, les productions québécoises ne cessent de nous impressionner en remportant des prix prestigieux à l’étranger. C’est le cas du film Le Vendeur de Sébastien Pilote, qui a été nominé en 2011 pour le prix du meilleur film au festival Sundance.
Le Vendeur de Sébastien Pilote retrace l’histoire de Marcel Lévesque, un vendeur d’automobile près de la retraite. Le concessionnaire pour lequel il travaille est situé dans une petite municipalité industrielle dans laquelle l’usine principale menace de fermer ses portes. C’est donc dire que la population de la petite ville est assez pauvre et dangereusement près du gouffre financier. Pourtant, Marcel Lévesque continue de vendre ses automobiles à fort prix sans réellement se soucier des faibles revenus de sa clientèle. Son but : Être le meilleur. Le meilleur vendeur, le meilleur père, le meilleur collègue… Et j’en passe. Malheureusement, le destin finit toujours par nous rattraper, et Marcel apprendra à ses dépens que chercher à être le meilleur en toute chose n’est peut-être pas la meilleure solution.
Certes, le résumé semble peut-être incomplet, mais c’est à peu près tout ce que nous trouverons dans Le Vendeur. Il faut dire que, question scénario, la réalisation de Sébastien Pilote n’est pas superbe. Plusieurs critiques ont d’ailleurs déploré l’intrigue très pauvre en action et les personnages manquant de profondeur. Je suis quand même de cet avis. En effet, l’histoire, bien que très belle et prenante, semble sans intérêt. Les personnages auraient pu être davantage exploités et, lorsqu’on arrive à la fin du film, on a l’impression que l’on a manqué quelque chose d’important.
Mais on a rien manqué. Et c’est, en quelque sorte, ce qui est beau du film. Le Vendeur nous présente des situations bien banales dans lesquelles un concessionnaire d’automobile est confronté à une dure réalité financière. Et c’est tout. On ne se casse pas la tête à écouter le film, l’essentiel est devant nos yeux, et rien n’est complexe. Après le visionnement d’un film expérimental de David Lynch, disons que Le Vendeur est comme une soie que l’on se passe au visage pour adoucir nos bobos.
Si l’histoire est banale, si les personnages sont pauvres en profondeur, pourquoi écouter le film?
C’est bien simple. La performance de Gilbert Sicotte, le personnage principal du Vendeur, est ahurissante. On s’abandonne complètement au jeu de l’homme qui, dans la soixantaine, fait un retour sur sa vie et, réalisant qu’il n’a peut-être pas été heureux comme il le voulait, décide de donner le meilleur de lui-même pour un peu de reconnaissance. En écoutant le film, l’on s’attache très facilement au personnage de Gilbert Sicotte, et c’est ce qui fait du Vendeur une production tout à fait adorable. Notons d’ailleurs que Sicotte a remporté le prix du meilleur acteur lors de la cérémonie des Jutra de 2012.
En bref : Le Vendeur est le tout premier film de Sébastien Pilote, un réalisateur qui, à mon humble avis, est tout à fait prometteur. Si le film souffre de quelques défauts (inévitables pour une première production), le résultat en reste toutefois un vrai charme auquel il fait plaisir de s’abandonner pour quelques heures.
Vendu?
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