Longtemps, les films d’animation étaient presque un monopole. Pixar sortait chaque année un film de grande qualité qui savait nous ébahir et nous marquer à jamais. Mais dernièrement, la donne fut changée. Dreamworks Animation a su tirer son épingle du jeu en créant des films d’animation tout aussi efficaces. On a qu’à penser à la série Shrek qui avait changé la façon de faire les films d’animation en les rendant captivants autant pour les enfants que les adultes, et plus récemment l’excellent Dragons. Leur nouveau film, Le réveil des gardiens, fait son entrée juste à temps pour la saison hivernale. Est-ce que leurs derniers films étaient seulement un coup de chance? Ou Le réveil des gardiens s’avère-t-il un autre triomphe?
Ce film est bel et bien une autre marque de l’immense talent de Dreamworks Animation. Quelques sceptiques avaient un doute face à cette équipe d’ « Avengers » féérique, Les Gardiens, formée du Père Noël, de la fée des dents, du lapin de Pâques, du marchand des sables et de Jack Frost. En rafraichissant encore une fois de vieux contes et en faisant une relecture des mythes et légendes, le film aurait pu être le même film cynique et parodique qu’avait été Shrek. Heureusement, ils ont opté pour un film beaucoup plus sérieux et dramatique, mais tout autant envoutant en utilisant cette force comme moteur de narration.
Le récit commence tout simplement avec Jack Frost qui se réveille au fond d’un lac gelé. Il ne se souvient ni d’où il vient, ni de qui il est. Il sort du lac et s’aperçoit que la Lune lui a procuré le pouvoir de contrôler le froid, la glace et la neige. Ce moment, particulièrement touchant et poétique, nous transporte rapidement dans cet univers imaginaire. Pendant 300 ans, il erra dans les rues tel un fantôme sans se faire voir. Son problème est simple : puisque personne ne croit en lui, personne ne peut le voir. C’est à ce moment que le film commence. Habilement transporté avec cette magnifique musique composée par Alexandre Desplat, on nous présente alors les quatre gardiens avec, chacun, leur univers détaillé et fascinant. Malheureusement, le Bonhomme Sept Heures fera surface en menacent de détruire la foi des enfants en eux. Le vilain Croquemitaine est d’autant plus fascinant puisque le parallèle entre Jack Frost et lui est très mince. Les deux sont des gardiens qui ont perdu la foi des enfants. Ils essaient tous deux de réintégrer l’imaginaire des enfants et de réanimer leur foi en eux. Bien sûr, chacun à leur manière.
Les Gardiens se réuniront alors pour tenter de combattre Croquemitaine. Les péripéties sont intéressantes et variées, et le rythme du film est dynamique avec presque aucun temps mort. Le récit réussit habilement à introduire des moments plus légers et très drôles quand le film devient trop sérieux et trop dramatique. Le tout est bien sûr possible grâce à la beauté et la justesse de l’animation sans quoi le film manquerait son soupçon de magie. Le rendu du sable créé par le marchand de sable est tout simplement sublime et les univers respectifs de chaque personnage sont à couper le souffle fourmillant de détails. La richesse de l’animation est cependant possible grâce à deux noms : Guillermo Del Toro, consultant artistique et Roger Deakins, directeur de la photographie du projet. Leur travail hallucinant force le respect et l’admiration.
Basé sur le livre The Guardians of the Childhood par William Joyce, le film reprend l’idée qui avait inspiré le livre au départ. La petite fille de l’auteur lui avait tout simplement demandé si le Père Noël et le lapin de Pâques se connaissaient. Non seulement ils se connaissent, mais la chimie entre les personnages du film, aussi absurde soit-elle, fonctionne à merveille. Le point fort du film est sans aucun doute ses personnages. Chacun est attachant à sa façon et il est certain que vous sortirez de la salle avec votre préférée. Que ce soit le Père Noël russe, le lapin de Pâques aux allures australiennes, les hilarants lutins du Père Noël (absurdes petits personnages) ou bien les fées des dents, vous serez charmés à tout coup.
Bien sûr, le film n’est pas parfait. Une histoire moins simplifiée aurait été bienvenue, et quelques sous-histoires auraient dû être enlevées ou améliorées. Croque-Mitaine revient à chaque scène pour vaincre les Gardiens avec sensiblement toujours le même pouvoir. On aurait peut-être aimé un peu plus de variété et moins de redondance dans ses actions. De plus, certains spectateurs un peu plus vieux seront peut-être moins en mesure d’apprécier le spectacle. Les blagues sont surtout visuelles, et il n’y a pas vraiment de double sens à cette histoire qui pourrait intéresser davantage les plus jeunes. Mais tout ça est à l’image du film. Il fait donc plaisir de voir la chose la plus importante de l’enfance, c’est-à-dire de croire. Il est aussi amusant de voir qu’à un certain moment de notre vie, l’on croyait à ses personnages.
Sommes toute, on en ressort vivant et joyeux. Un peu lorsque Noël arrive. On retombe en enfance le temps d’un moment, et l’émerveillement se voit sur notre visage. Il n’est peut-être pas aussi unique que Les mondes de Ralph, mais Le réveil des gardiens demeure un film de qualité aux personnages attachants et à l’animation sublime dont toute la famille se réjouira.
Crédit photo : Dreamworks Animation
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