Le film Le Cas Roberge ne vous dit probablement rien. Certains concepts et histoires obtiennent un succès énorme et amplement mérité qui, par la suite, inspire les créateurs à faire grandir leurs créations en les amenant sur un autre médium. La sauce semble avoir été étirée et la critique et le public ne suivent malheureusement plus. Les inconditionnels des capsules risquent de s’ennuyer de la bonne vieille formule qui ne durait que trois minutes, mais j’avoue exposé ici un de mes coups de cœurs québécois en vous parlant du film Le Cas Roberge Le film.
Le Cas Roberge a tout d’abord vu le jour sur le Web en 2007 et son succès fut retentissant. Diffusées en plusieurs cyberépisodes de quelques minutes, les capsules humoristiques mélangeant la réalité et la fiction relatent la vie et les opinions très satiriques de Benoît Roberge, comédien et animateur dans la vie (Sur le pouce et Benoît le Bienheureux). C’est ce personnage unique très colérique, où tout tourne autour du sexe, de la reconnaissance d’autrui et du vedettariat du Plateau, qui rend le tout si rafraichissant et attachant. Avant tout un trip de gars, ses amis Stéphane E. Roy, Jean-Michel Dufaux et Sébastien Benoît jouent presque leurs propres rôles dans la Websérie ainsi que dans le plus récent long-métrage réalisé par Raphaël Malo. Bien sûr, qui dit « Plateau » dit vedette. Bianca Gervais, Jean-Thomas Jobin, Yves P. Pelletier, Marie Plourde et quelques autres habitués viennent aussi s’ajouter au compteur.
Avec plus de 20 000 visiteurs, toute l’équipe s’est alors empressée d’adapté en 2008 Le Cas Roberge version grand écran. Même équipe, mêmes comédiens, mais malheureusement, mêmes techniques de tournage. Pour garder le même ton « réaliste » de la Websérie, la direction photo et la réalisation choisies rappellent par moment un projet étudiant ou amateur. Manque de talent ou simple choix artistique? La deuxième option semble la plus probable. Avec plus de 10 ans en télévision, le réalisateur Raphaël Malo a maintes fois prouvé son talent au Québec comme à l’étranger (LCN, Facteur de Risque). Cela n’empêche pas que le choix fut risqué et très critiqué. Considéré comme un défaut de taille, cela ajoute cependant un charme supplémentaire au récit. Les critiques acerbes n’ont pas été du même avis. Techniquement, il est vrai que le long-métrage ne gagne pas le premier prix (ni le deuxième), mais son histoire et ses personnages méritent le coup d’œil.
Benoît recherche ardemment la reconnaissance et la notoriété artistique. Entouré de ses amis (attachant et hilarant Sébastien Benoît) au succès plus ou moins grand, Stéphane E. Roy le convint d’écrire un film révolutionnaire en s’inspirant de Jean-Luc Godart, qui a visité Rouyn-Noranda en 1968 pour un de ses films. Ils partent alors vers l’Abitibi sur les traces du réalisateur franco-suisse cherchant l’inspiration du scénario de ce long-métrage.
Bien sûr, entre Montréal et Rouyn, les belles filles et l’amour s’enflammeront tout autant que les discussions.
Malgré un humour efficace tant dans l’irrévérence des dialogues portant sur l’autodérision du vedettariat québécois et sur les relations amoureuses que dans le personnage de Benoît Roberge lui-même, le long-métrage demeure parsemé de longueurs qui auraient pu facilement être évitées. Aussi, le tout manque parfois de cohésion et de finition comme si plusieurs idées ou sketch avaient été assemblés pour l’écriture du scénario. Les défauts décriés par plusieurs sont bel et bien présents. Certes, le résultat demeure très décevant, mais les personnages et leurs relations sont si amusants et rafraichissants à regarder que ces défauts passeront inaperçus à la première écoute.
C’est peut-être ce trip de gang qui rend ceci si attrayant. On aimerait tant être inclus dans ce groupe d’artistes si enthousiaste de se retrouver et surtout être l’ami de ce cher Roberge (Je crois que je suis en amour avec le personnage!). Comme un vieux chum, on adore le retrouver malgré tous ses défauts et son manque de cohésion et de parcimonie dans le récit de ses aventures et de ses déboires. J’attends donc impatiemment une nouvelle création des gars du Cas Roberge ou, simplement, une invitation facebook!
Crédit photos : Alliance Vivafilm
Aucun commentaire