Ne prenez pas au sérieux les propos de Will Ferrell (ai-je vraiment besoin de le préciser?) au sujet de Silver Linings Playbook lors des Golden Globes. Ce n’est pas un film d’animation, mais bel et bien une comédie romantique. Le film s’est mérité quelques nominations et prix au cours des derniers mois dont la (de moins en moins) prestigieuse nomination Meilleur Film aux Oscars. Mérite-t-il vraiment tout cet engouement critique et médiatique ou s’il s’agit simplement d’une comédie clichée produite par Hollywood?
La réponse aux deux questions est positive; Le bon côté des choses a tout d’un feel-good movie hollywoodien, mais il mérite amplement l’attention qu’on lui porte. On avait quand même droit de se douter. Avec ses têtes d’affiche davantage connues pour leurs rôles dans d’énormes franchises à succès et son histoire prévisible, le film aurait pu facilement passer sous silence. Jouissant de son meilleur rôle en carrière, Bradley Cooper est explosif dans le rôle de Pat Soletano, enfermé pour agressivité excessive dans un asile psychiatrique. Du coup, il perdra sa femme, son travail et sa maison. Après un long séjour, il ira vivre chez ses parents et tentera l’impossible dans l’unique but de retrouver son ex-femme. Malheureusement, son passé est lourd et l’eau a beaucoup coulé sous les ponts. Il tentera alors de la rejoindre avec l’aide de Tiffany (Jennifer Lawrence). Bien sûr, Tiffany ne l’aidera qu’à une seule condition : il devra l’accompagner dans une compétition de danse.
Vous l’aurez deviné, le scénario n’est pas révolutionnaire. On connait et on espère déjà la finale amoureuse. La beauté du film réside davantage dans ses personnages qui semblent d’ailleurs ignorer nos espoirs et nos attentes. C’est ce qui rend le duo composé de Bradley Cooper et Jennifer Lawrence si rafraichissant en cette aire de film souvent simplifié et (trop) grand public. Les deux personnages n’ont absolument pas la langue dans leur poche et sont tourmentés à souhait. L’un est passif-agressif et dit tout haut ce qu’il pense, l’autre est nymphomane-dépressive-passif-agressive. La complexité des personnages est heureusement apportée de manières crédibles et convaincantes par ses deux interprètes. Si Bradley Cooper étonne dans ce rôle qui lui colle à la peau, Jennifer Lawrence épate et domine l’écran dans chacune de ses scènes. Sa complicité avec son partenaire et la chimie entre les deux est aussi éloquente. La scène de danse à la toute fin est si efficace qu’on peine à savoir s’il faut rire ou pleurer. Sans aucun doute, l’oscar de la meilleure actrice lui sera remis.
La distribution au complet vaut le détour. C’est un immense bonheur de retrouver enfin Robert DeNiro et de le voir nous offrir une de ses meilleures performances depuis longtemps. Même chose pour Chris Tucker qui fait un retour après une longue absence dans le rôle d’un mythomane presque schizophrène. Bien qu’excellente, l’actrice Jacki Weaver ne mérite pas vraiment sa nomination aux Oscars. Son personnage n’est pas assez mis de l’avant et n’a pas de scènes suffisamment fortes pour souligner son effort toute fois juste et efficace.
Bien sûr, le scénario réserve quelques surprises. Prenant en compte que la plupart des scènes comiques aient été présentées dans la bande-annonce, le film se veut beaucoup plus dramatique que comique. Ce détail n’empêche cependant pas de garder ce sourire enjoué tout le long de la présentation. La réalisation de David O. Russel (The Fighter) est plus qu’excellente. Ne prenant jamais le dessus sur les personnages et évènements du récit, la réalisation et le montage se font presque oublié rendant le long-métrage beaucoup plus humain qu’il le laisse paraître. La bande sonore choisie est aussi efficace, particulièrement avec cette pièce de Johny Cash et de Bob Dylan durant une pratique de danse entre les deux protagonistes.
Le tout est donc plus grand que la somme des parties. Malgré les ressemblances flagrantes avec la plupart des films hollywoodiens (cette histoire d’amour qui finit bien et cet amour démesuré pour le football américain), les ingrédients sont bien choisis : une distribution étincelante, des personnages plus grands que nature et rafraichissants et une réalisation modeste qui prime sur l’humain. Il n’est sans doute pas le meilleur film de l’année, ni un favori aux Oscar, mais il est sans l’ombre d’un doute l’une des meilleures comédies dramatiques et l’une des plus belles et sincères histoires d’amour.
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