Parfois, la meilleure façon d’exprimer un état humain est par l’utilisation de l’absurde. C’est avec cette méthode que les plus grands auteurs tels qu’ Eugène Ionesco (La cantatrice chauve, Le roi se meurt…) ont fait leur renom. Pourtant, il arrive que certaines productions tentent le coup sans réussir la même prouesse que leurs prédécesseurs. C’est le cas de Le Baiser du Barbu, une réalisation de Yves P. Pelletier.
Dans le film, l’ancien membre du groupe RBO (Rock et Belles Oreilles) raconte les tourments de Benoît (David Savard), un acteur de théâtre d’été qui, pour livrer une performance digne de son talent, doit absolument laisser pousser sa barbe. Cependant, sa petite amie Vicky (interprétée par Isabelle Blais) trouve la pilosité de son conjoint répugnante. Elle y voit même une menace et décide de s’imposer entre Benoît et sa barbe.
Avec un scénario aussi absurde, il est facile de prévoir une comédie désopilante et surprenante. Pourtant, c’est avec une certaine déception que l’auditeur se retrouvera plongé au cœur d’une intrigue amoureuse très classique. Rupture, excuses, réconciliations… Tout est de la partie. Bref, rien de surprenant à prévoir au niveau scénaristique, sinon l’ajout de l’élément clé du film, c’est-à-dire la barbe.
En effet, la pilosité faciale de David Savard est au cœur du film. Parfois, l’on a même de la difficulté à comprendre pourquoi les protagonistes en font un tel plat. N’ont-ils pas une vie en-dehors de la barbe de Benoît? Il est vrai que cette barbe est volontairement symbolique, mais je pense qu’enlever un peu de sa présence aurait pu rendre le film moins long et répétitif.
Malgré que le scénario ne soit pas de la plus grande originalité, il faut avouer qu’il est joué par des comédiens de grand talent. Même si il m’est arrivé de voir Isabelle Blais dans des rôles plus convaincants, elle a quand même réussi à me faire détester son personnage de Vicky, ce qui est un gage de succès. David Savard, quand à lui, joue à la perfection le rôle de l’homme séparé entre sa vie amoureuse et sa carrière pleine d’espoirs. Outre les deux protagonistes, l’apparition de Louis-José Houde en tant que réalisateur excentrique vaut le détour, même si quelquefois, son jeu est un peu caricatural et exagéré. Mais il faut bien avouer que l’humoriste nous fait bien sourire entre deux scènes de chicanes conjugales pratiquement identiques.
En somme, Le Baiser du Barbu est une bonne production québécoise. C’est un film qui détend après une dure journée de travail. Cependant, j’aurais apprécié que Yves P. Pelletier se décide entre faire un film complètement absurde ou une comédie romantique typique. Dans le cas de cette production, il a semblé vouloir faire entre les deux. Le breuvage a donc une bonne saveur, mais on est laissés avec un léger arrière-goût.
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