«Il n’y a pas d’amour sans musique.»
C’est cette phrase, toute simple, inscrite délicatement en blanc sur noir qui ouvre le nouveau film d’Emmanuel Mouret, intitulé L’Art d’aimer. C’est léger, même délicat. C’est à la fois un film et un roman, une symphonie et un recueil de poésie.
C’est l’histoire de bien des gens. Des gens simples et d’aujourd’hui. C’est l’histoire de Laurent avant de devenir celle de Zoé. Ça cogne à la porte d’Achille et puis tout à coup ça tombe sur le tête d’Emmanuelle. Isabelle ne s’y sent pas trop bien et Paul, quant à lui, ne trouve aucune autre solution sinon de marcher pour faire le point. C’est l’histoire de ces noms mais c’est aussi celle de tous et chacun. C’est l’histoire de gens qui, au fur et à mesure que la musique se fait entendre, apprennent à tomber amoureux, à le redevenir ou à oublier de l’être.
Le film est séparé en de nombreuses parties qui, à prime à bord, n’ont rien en commun. Plus les choses avancent et plus elles se mettent en place. On retrouve dans le monde de l’un un personnage connu auparavant, juste avant qu’il ne s’évapore pour se retrouver dans l’univers d’un autre. Tous les êtres ficelés dans L’Art d’aimer vivent des destins tous très différents mais reliés par un point similaire: chacune de leurs aventures se déroule derrière une porte barrée à double tour de Paris.
Alors que certains récits sont plus crus qu’on ne saurait l’imaginer, d’autres mettent de l’avant un narrateur dieu qui nous relate par une plume savamment révélatrice les péripéties des différents personnages qu’il évoque. Le film est donc toujours en mouvement, toujours nouveau et toujours une découverte. Le rythme y est bien dosé, présentant des bribes de vie ici et là, sans jamais tanner son spectateur et sans non plus le laisser sur sa faim. C’est une recette digne d’un grand chef, côté tempo.
Le scénario, quant à lui, sait présenter le tout comme une substance uniforme, alors qu’il est composé de bien nombreux et différents éléments. Chacune des histoires se fait unique et originale, distincte dans sa forme mais aussi dans son propos. Il fallait du flair pour croire que ce serait continu et délicieux. Et ça l’est!
On ne peut pas dire que L’Art d’aimer ne fesse pas fort: la brochette d’acteurs qui se met dans la peau de ces amoureux est assez consistante pour plaire à plusieurs. François Cluzet, Julie Depardieu, Judith Godrèche… Ne voilà que quelques-uns de ces noms dont la résonance se fait de plus en plus entendue et appréciée. À l’exception de quelques acteurs secondaires qui auraient mérité d’être mieux établis, c’est une grande et belle signature que le réalisateur appose ici à son film, celle où le spectateur a la chance de connaître par coeur tous ces êtres en ne les connaissant que par quelques mots.
Enfin, si vous êtes amoureux, si vous attendez impatiemment de le devenir ou si vous ne savez pas de quelle manière vous y prendre, ce long métrage saura répondre à chacune de vos attentes. C’est diversifié, réaliste et ensoleillé. Pourquoi résister?
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